La République Démocratique du Congo (RDC) a été suspendue du commerce de toutes les espèces de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore en voie d’extinction). La décision prise en mars 2015 par le secrétariat de la convention pointe l’incapacité de la RDC à satisfaire aux exigences de la convention.

Le chaos régnant dans le domaine de l’exploitation forestière et l’échec du gouvernement dans la mise en œuvre de la convention permet en effet à des entreprises de commercialiser illégalement et en toute impunité des espèces menacées sur le marché international.

En décembre 2014, Greenpeace Afrique a découvert que la société italienne La Forestière a réussi à exporter en Belgique de l’Afrormosia, espèce figurant sur la liste de la CITES, malgré les illégalités décriées par plusieurs acteurs en République Démocratique du Congo.

Lors d’une mission dans l’une des concessions de La Forestière (CCF 003/11), en compagnie d’un expert de l’Administration Provinciale de l’Environnement, Greenpeace Afrique a relevé diverses irrégularités liées à la violation du moratoire, aux autorisations de coupe et au non-respect du cahier des charges.

«Nous avons analysé les documents disponibles, interrogé des membres du comité local de gestion, des fonctionnaires de l’administration locale et des membres de la société civile. Tous s’accordent à dire que l’expansion de la concession s’est faite en violation du moratoire sur l’attribution des titres industriels et sans la consultation des communautés.» affirme Raoul Monsembula, Coordonnateur National du bureau de Greenpeace Afrique en RDC.

La société civile environnementale de la ville de Kisangani a rapporté à Greenpeace Afrique que La Forestière a violé les clauses sociales du cahier des charges qu’elle a signé avec les communautés de Banalia. Les habitants affirment qu’ils n’ont reçu aucun versement et qu’aucun des travaux de construction et d’infrastructures prévus n’avait commencé.

Les informations recueillies lors de la mission viennent confirmer les conclusions du rapport de l’Observatoire de la Gouvernance Forestière (OI-FLEG). Ce dernier a recensé plusieurs infractions commises par La Forestière comme le marquage irrégulier des grumes et la surexploitation de certaines essences, dont l’Afrormosia. L’Observatoire a également constaté que La Forestière «a exploité frauduleusement» deux blocs de coupe pour lesquels des permis avaient été délivrés par un fonctionnaire local.

«Le bilan des pratiques des entreprises comme La Forestière est très lourd pour la RDC. Elles ont un impact néfaste sur l’environnement, la biodiversité et les communautés» explique Raoul. «Le manque à gagner pour l’économie du pays n’est plus à démontrer. La forestière n’a pas honoré ses engagements en termes de réalisation d’infrastructures et de projets de développement local.»

La CITES a pour but d’assurer que le commerce international des spécimens d’animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces. Or des rapports font état d’un trafic d’espèces de grands singes et de perroquets gris et plusieurs lots illégaux d’Afrormosia ont été découverts par Greenpeace en Europe. La décision de suspension de la CITES n’est qu’une suite logique du manque de moyens et de volonté du pays d’appliquer les dispositions de la convention.

Greenpeace Afrique demande au gouvernement de la RDC d’appliquer les recommandations de l’observatoire indépendant et de prendre des mesures pour sanctionner les infractions commises par La Forestière. Le moratoire doit être maintenu et respecté et la suspension de commerce des espèces listées par la CITES ne devrait être levée qu’après la mise en conformité de la RDC avec les exigences de la convention.