La reprise économique progresse dans les économies avancées, mais la stagnation des échanges internationaux et la dégradation de la situation des marchés de capitaux pèsent sur les perspectives de croissance dans la plupart des grandes économies émergentes, selon les dernières Perspectives économiques intermédiaires de l'OCDE.

La hausse de l'emploi et de la consommation des ménages alimentent une croissance dynamique aux États-Unis, mais l'investissement reste décevant. L'expansion économique s'améliore dans la zone euro, mais pas aussi rapidement que l'on pourrait s'y attendre compte tenu des baisses observées des cours du pétrole, des taux d'intérêt à long terme et de la valeur de l'euro. Au Japon, la croissance est sur une trajectoire encourageante, mais l'apparition de tensions sur le marché du travail n'a pas encore débouché sur des hausses de salaires qui étaieraient une croissance soutenue de la consommation et faciliteraient la réalisation de l'objectif d'inflation de la Banque du Japon.

Un paradoxe essentiel des perspectives à court terme concerne la Chine, où le taux de croissance officiel a bien résisté, tandis que certains indicateurs laissent entrevoir un rythme sous-jacent d'expansion économique plus lent. Le ralentissement marqué de la demande chinoise de produits importés a des répercussions importantes sur la croissance mondiale, en particulier dans les économies émergentes entretenant des liens commerciaux étroits avec la Chine, et dans celles qui dépendent des produits de base. L'Inde devrait être la grande économie où la croissance sera la plus rapide au cours des deux années à venir, tandis que les perspectives sont moins bonnes pour nombre de pays exportateurs de produits de base, le Brésil traversant une grave récession.

Un ralentissement plus marqué que prévu de la demande chinoise produirait des effets sensibles via les liens commerciaux et d'investissement directs entretenus par la Chine avec d'autres économies, notamment pour les pays les plus fortement exposés, mais il ne ferait pas dérailler la reprise mondiale, sauf s'il se conjuguait à une correction ample et généralisée sur les marchés de capitaux mondiaux.

« Les perspectives de croissance mondiale se sont légèrement dégradées et l'horizon est assombri par d'importantes incertitudes », a déclaré la Chef économiste de l'OCDE, Mme Catherine L. Mann. « Les économies émergentes présentent des points faibles qui pourraient être révélés par une hausse des taux d'intérêt aux États-Unis et/ou un ralentissement plus marqué que prévu en Chine, ce qui se traduirait par des turbulences économiques et financières qui pourraient également freiner sensiblement l'activité dans les économies avancées. Une poursuite des politiques de relance est de mise pour soutenir la demande mondiale, mais le dosage des composantes de l'action publique diffèrera suivant les pays, et il faut que les options retenues concordent avec les objectifs de stabilité financière et de relance de la croissance à long terme. »

L'OCDE prévoit une croissance de 2,4 % cette année et de 2,6 % en 2016 aux États-Unis, et de 2,4 % en 2015 puis de 2,3 % en 2016 au Royaume-Uni. L'expansion économique devrait être de 1,1 % cette année et de 2,1 % en 2016 au Canada, tandis que le Japon devrait enregistrer une croissance de 0,6 % en 2015 et de 1,2 % en 2016.

Dans la zone euro, l'économie devrait croître à un rythme de 1,6 % en 2015 et de 1,9 % en 2016. Les perspectives de croissance diffèrent grandement entre les grandes économies de la zone euro. L'expansion économique devrait s'établir à 1,6 % en 2015 et à 2 % en 2016 en Allemagne, à 1 % en 2015 et à 1,4 % en 2016 en France, et à 0,7 % en 2015 puis à 1,3 % en 2016 en Italie.

La Chine devrait enregistrer une croissance de 6,7 % en 2015 et de 6,5 % en 2016. En Inde, le rythme de l'expansion économique sera de 7,2 % en 2015 et de 7,3 % en 2016. Au Brésil, l'activité économique devrait diminuer de 2,8 % en 2015 puis de 0,7 % en 2016.

Dans ses Perspectives économiques intermédiaires, l'OCDE préconise la poursuite de politiques macroéconomiques soutenant la demande à l'échelle mondiale. Les économies avancées devraient continuer à mener des politiques monétaires et budgétaires accommodantes pour garantir une montée en régime de la reprise. La Réserve fédérale américaine devra bientôt commencer à relever son taux directeur progressivement, compte tenu du dynamisme de l'expansion économique aux États-Unis et des préoccupations relatives aux prix des actifs. Le moment auquel interviendra la première hausse de taux ne fera guère de différence quant au résultat final, mais le rythme des augmentations ultérieures pèsera lourdement dans la balance.

« Le rythme de la reprise est décevant dans la zone euro, compte tenu des facteurs favorables dont elle bénéficie. Il est donc nécessaire de poursuivre la politique monétaire accommodante actuelle et de mettre en œuvre des politiques budgétaires ayant une orientation plus propice à la croissance, qui doivent contribuer ensemble à accélérer l'expansion et exercer des effets d'entraînement sur les marchés du travail, l'investissement des entreprises et les échanges », a déclaré C. Mann.

Assurer une croissance équilibrée et durable en Chine, tout en remédiant aux facteurs de vulnérabilité du système financier, constituera un enjeu essentiel. Les autorités devraient utiliser les marges de manœuvre dont elles disposent pour prendre des mesures de relance supplémentaires afin d'éviter un ralentissement brutal, mais elles doivent veiller à ce que cette relance favorise une croissance durable. Différentes initiatives y contribueraient, notamment une libéralisation des services et un accroissement des dépenses sociales visant à étayer l'augmentation de la consommation. D'autres économies doivent également trouver un juste équilibre entre la nécessité de soutenir la demande et celle de permettre un ajustement, tout en étant attentives aux facteurs de vulnérabilité financière, selon les Perspectives économiques intermédiaires.

« Sans perdre de vue le moyen terme, il faut mettre en œuvre des politiques structurelles ambitieuses tant dans les pays avancés que dans les économies émergentes, pour stimuler l'investissement et inverser le ralentissement de la croissance de la production potentielle : ce sont les conditions à satisfaire pour pouvoir tenir les promesses faites aux jeunes et aux seniors comme aux investisseurs », a souligné Catherine Mann.