Une forêt tropicale de 1,55 million de kilomètres carrés est en danger. Le gouvernement de la République démocratique du Congo veut l’ouvrir à de nouveaux exploitants.

La nouvelle n’a pas été appréciée en Norvège, en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et au sein de l’Union européenne qui envisagent d’appuyer un plan d’un milliard de dollars proposé par la RDC pour protéger ses forêts.

Une coalition d’organisations de défense de l’environnement et de lutte contre la corruption appelle le gouvernement de la RDC à maintenir le moratoire sur l’attribution de nouvelles licences d’exploitation forestière qu’il a décrété en 2002.

Selon Irène Wabiwa Betoko, de Greenpeace Afrique « l’exploitation à grande échelle de la forêt tropicale congolaise a été et reste une catastrophe. Non seulement elle nuit à l’environnement du pays, mais elle alimente également la corruption et fait des ravages sur le plan socioéconomique».

« À l’heure où la communauté mondiale collabore à la protection des dernières forêts tropicales de la planète, qui constituent une ligne de défense vitale contre le changement climatique, le gouvernement de la RDC semble remettre en question ses engagements pris à Paris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. », souligne pour sa part,  Lars Løvold de Rainforest Foundation Norway (RFN).

Le ministre congolais de l’Environnement Robert Bopolo Bogeza a récemment déclaré que des mesures étaient actuellement prises pour lever le moratoire sur l’attribution de nouvelles licences d’exploitation forestière, tout en décrivant ses priorités pour 2016, évoquant les bénéfices financiers que cette décision pourrait apporter.

Or «l’argument selon lequel l’exploitation forestière peut considérablement contribuer aux recettes fiscales du gouvernement est sans aucun fondement. Environ un tiers de la forêt tropicale de la RDC est déjà exploitée, or, en 2014, ce secteur n’a rapporté que 8 millions de dollars US au Trésor congolais, ce qui est pitoyable – l’équivalent d’environ 12 cents par Congolais», explique Joseph Bobia, de Réseau Ressources Naturelles

Pour Simon Counsell de la Rainforest Foundation UK a déclaré l'expansion de l'exploitation forestière industrielle dans les forêts tropicales du Congo est susceptible d'avoir, à long terme,  « des effets négatifs graves sur les millions de personnes vivant dans et dépendant de ces forêts ». D’où son appel au gouvernement de la RDC de « promouvoir la protection communautaire des forêts ainsi que des alternatives de développement qui soient favorables aux populations et ne reposent plus sur le modèle des concessions industrielles. »

Le programme REDD (Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts) est une initiative internationale menée dans le cadre des traités de l’ONU consacrés au changement climatique. Son objectif est de lutter contre les émissions de carbone en protégeant les forêts de la planète. La stratégie nationale REDD de la RDC, qui fait l’objet de pourparlers depuis six ans, sera présentée aux bailleurs de fonds internationaux cette année en vue de leur approbation.

Le moratoire sur l’attribution de nouveaux titres forestiers a été imposé par décret ministériel en 2002 dans l’espoir de reprendre le contrôle du secteur congolais de l’exploitation forestière au sein duquel régnaient illégalités et corruption, entraînant un coût social et environnemental significatif.

Les forêts de la RDC représentent environ un dixième des dernières forêts tropicales de la planète. De nombreuses espèces, comme le bonobo et l’okapi, ne se trouvent plus que dans ces écosystèmes. Quelque 40 millions d’habitants de la RDC dépendent de ces forêts pour leur subsistance, y compris pour se procurer de la nourriture et des combustibles.