Lors d’un discours passionné prononcé mercredi 19 avril 2017 au Center for Global Development à Washington, DC, le président de la Banque africaine de développement (Bad), Akinwumi Adesina a évoqué l’énorme potentiel de l’Afrique ainsi que le programme de développement ambitieux de la Banque qui, a-t-il déclaré, est en bonne voie de réalisation.

Le Président de la Bad a, au cours de sa rencontre avec le groupe de réflexion de Washington, dressé un bilan de ses 19 premiers mois à la tête de l’institution. Deux ans plus tôt, le 16 avril 2015, alors qu’il était ministre de l’Agriculture et du Développement rural du Nigeria, il participait à un débat dans la même salle avec d’autres candidats à la présidence de la BAD avant l’élection présidentielle en mai 2015.

« L’Afrique était au premier plan pour une excellente raison », a-t-il déclaré dans un discours préliminaire qui introduisait le panel sur le thème « Les difficultés et la logique d’une hausse des financements pour l’Afrique », organisé en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale. « La Banque africaine de développement a donné la direction à suivre, en matière de leadership, à toutes les banques multilatérales de développement (BMD) en faisant preuve de transparence dans l’élection de son président, dans le cadre d’un processus ouvert et concurrentiel », a-t-il ajouté, faisant référence à la publication des résultats en direct sur Twitter, de l’élection organisée par la BAD .

Deux ans plus tard, Akinwumi Adesina a déclaré, devant une salle comble, que la vision qu’il avait présentée lors de son discours inaugural – les « Cinq grandes priorités » (le Top 5) en matière de développement – est en cours de déploiement à l’échelle du continent.

« La vision que nous avons de l’Afrique, à la BAD, fait partie intégrante du Top 5 : éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains », a affirmé le président, avant d’énumérer une liste d’initiatives qu’entreprend la BAD actuellement.

« En lançant le « New Deal » pour l’énergie en Afrique, nous nous sommes engagés à investir 12 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, avec l’ambition de mobiliser 45 à 50 milliards de dollars supplémentaires. L’objectif étant de raccorder 130 millions de personnes au réseau et 75 millions à des systèmes hors réseau, afin de permettre à environ 150 millions de ménages d’accéder à une source d’énergie de cuisson propre.

« Nous avons mis en place une toute nouvelle vice-présidence spécifiquement dédiée à l’électricité et à l’énergie : la BAD est la première et l’unique banque multilatérale de développement à prendre une telle mesure. L’an dernier, nous avons financé un projet d’un montant de 1,7 milliard de dollars dans le secteur de l’électricité couvrant 19 pays et, cette année, ce montant passera à 2 milliards de dollars, avec l’objectif de mobiliser 5 à 7 milliards de dollars. Nous avons lancé un Fonds pour l’inclusion énergétique à hauteur de 500 millions de dollars avec un capital de départ de 100 millions de dollars, afin de proposer des financements abordables aux entreprises qui investissent dans les énergies renouvelables.

« À l’instar de l’électricité qui alimente une économie, la nourriture fournit de l’énergie aux populations. Le coût annuel des importations alimentaires en Afrique se chiffre à 35 milliards de dollars et l’on prévoit  une augmentation de ce montant à 110 milliards de dollars d’ici 2025 ; ceci affaiblit les économies des pays africains, décime son secteur agricole et exporte les emplois du continent », a déclaré Adesina, en précisant que 35 milliards de dollars représentent approximativement le montant dont le continent a besoin pour combler son déficit énergétique.

« Dans un souci d’apporter un soutien rapide à la diversification des économies en Afrique et à la relance des zones rurales sur le continent, nous avons fait de l’agriculture notre plus haute priorité », a-t-il poursuivi. « La BAD s’est engagée à verser 24 milliards de dollars pour soutenir l’agriculture au cours des 10 prochaines années, en se focalisant principalement sur l’autosuffisance alimentaire et sur l’industrialisation agricole. Les sécheresses et les famines auxquelles certains pays ont récemment été confrontés (Soudan du Sud, Somalie, Nigeria, Kenya, Éthiopie et Ouganda) appellent à des interventions immédiates, car 20 millions de personnes sont touchées par l’insécurité alimentaire et souffrent de malnutrition aiguë. C’est dans ce cadre que la BAD a décidé de lancer de nouvelles initiatives et prévoit un appui de  1,1 milliard de dollars, suite à l’approbation de son Conseil d’administration, pour faire face à cette crise et prévenir toute nouvelle famine en cas de sécheresse. »

« Nous prenons des mesures pour rehausser le niveau de parité en Afrique. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé le programme de Discrimination positive en matière de financement pour les femmes d’Afrique (AFAWA) en vue de mobiliser 3 milliards de dollars en faveur des femmes entrepreneures.

Nous nous sommes attaqués au plus grand problème social auquel l’Afrique fait face aujourd’hui : les taux élevés de chômage des jeunes. Actuellement, un tiers des 230 millions de jeunes Africains (environ 20 % de la population jeune dans le monde) est au chômage ou se sent découragés, un autre tiers occupe un emploi précaire, principalement dans le secteur informel, et seulement 1/6e occupe des emplois rémunérés. »

Pour résoudre ce problème, la BAD a lancé l’initiative ENABLE Youth (Empowering Novel Agri-Business-Led Employment Youth) ‑ un programme destiné aux jeunes et promouvant l’entrepreneuriat dans l’agro-industrie par l’acquisition de compétences ‑ qui s’adresse aux jeunes « agripreneurs » dans plusieurs pays, dont le Nigeria et le Soudan. La BAD s’est également associée à la Banque européenne d’investissement (BEI) afin de lancer l’initiative « Boost Africa » pour les jeunes entrepreneurs innovants, et elle investit dans la formation de la jeunesse dans les domaines des sciences, des technologies et des mathématiques en vue de les préparer aux emplois de demain.

« Notre vision pour l’Afrique est claire », a déclaré Akinwumi Adesina en énonçant certains des succès qu’a connu l’institution en 2016 :

  • 3,3 millions d’Africains ont bénéficié de nouveaux raccordements à l’électricité ;
  • 3,7 millions d’Africains ont bénéficié d’une amélioration de leur accès à l’eau et à l’assainissement ;
  • 5,7 millions d’Africains ont bénéficié d’améliorations dans le secteur agricole ;
  • 9,3 millions d’Africains ont bénéficié d’un accès à des services de santé améliorés ;
  • 7 millions d’Africains ont bénéficié d’une amélioration de leur accès aux services de transport.

« La Banque africaine de développement répond aux attentes des Africains, et elle a la capacité de faire mieux », a affirmé Adesina. « Aujourd’hui, elle a besoin de fonds considérables pour poursuivre ses efforts. Il est temps de prendre des mesures de financement rapides pour accélérer le développement de l’Afrique » a-t-il conclu.