Le dessinateur équato-guinéen Ramón Esono Ebale a récemment été arrêté à Malabo (Guinée équatoriale), alors qu’il dînait en compagnie d’amis espagnols.

 

Les raisons de l’arrestation du dessinateur équato-guinéen Ramón Esono Ebale, n’ont pas toutes été élucidées. Cependant, lors de son interrogatoire avec la police, il lui a été demandé d'arrêter illico presto sa bande dessinée « La Pesadilla de Obi ». Un ouvrage très critique à l'égard de Teodoro Obiang Nguema qui tient les rennes du pays depuis 40 ans.

À en croire ses proches, Ramón Esono Ebale s’est présenté comme fervent défenseur des droits de l’Homme et de la sacro-sainte liberté d'expression. Les policiers, eux, lui auraient signifié que les affaires politiques étaient exclusivement l’affaire des politiciens. Ils auraient ajoutés que ses dessins pourraient être considérés comme calomnieux à l’égard du président de la république et que dans les pays comme la Corée du nord, les faits pourraient être très graves.

Dans cet ouvrage, Esono esquisse le houleux quotidien d’un personnage inspiré de Teodoro Obiang Nguéma Mbasogo qui, un jour, se réveille et a perdu son statut de président du pays et est devenu un lambda qui subit «les conséquences du régime qu’il a lui-même créé ». L’intention d’Esono était de «faire tomber le mythe de celui qui est perçu comme un Dieu en Guinée équatoriale».

L’artiste controversé qui vit depuis des années à Salvador au Paraguay s’est rendu en Guinée équatoriale depuis quelques jours pour renouveler son passeport après que l’ambassade de son pays en Espagne l’a informé qu’il ne pouvait pas le faire à Madrid. Esono savait qu’il risquait la prison mais tenait à aller jusqu’au bout de sa bataille, à en croire des sources proches de l’affaire.

«La Pesadilla de Obi» (le cauchemar d'Obi) a été publié en 2014 en anglais puis un an plus tard, en espagnol. Dans cette BD, financée par l’ONG EG Justice (basée aux États-Unis), Esono dénonce ce qu’il considère comme des abus de régime, des élections frauduleuses, un partage inéquitable des richesses, la peur de s’exprimer.