Les Sud-africains n’en démordent pas, leur président Jacob Zuma doit quitter le pouvoir. Son parti, l’ANC, pense que s’il reste à la présidence, il pourrait en souffrir lors des prochaines présidentielle. Les accusations de corruption qui pèsent sur le président sont d’une telle gravité que son parti ne peut le couvrir sans grand risque politique.

La douche

Avant d’être président, Jacob Zuma était accusé de viol par une jeune femme séropositive. Blanchi par la justice en 2006, il avait affirmé lors de son procès qu'il a "pris une douche" pour éviter toute contamination par le virus VIH. Ses propos alors qu’il était à la tête du Conseil national contre le sida avaient scandalisés les citoyens. Elu en décembre dernier, président de l’ANC, le vice-président Cyril Ramaphosa, a relancé la polémique en affirmant croire la victime présumée.

Pot de vin de Thalès

Une autre affaire qui remonte à une dizaine d’année poursuit toujours le président. En 2006, il est inculpé pour avoir accepté des pots-de-vin de la société française d'armement et d'électronique Thales, en marge d'un contrat d'armement. Il est soupçonné d'avoir reçu 783 versements de son conseiller financier, Schabir Shaik, condamné par la suite à quinze ans de prison. Juste avant les élections de 2009, toutes les charges retenues contre Jacob Zuma sont abandonnées pour vice de forme. Mais en octobre 2017, la justice, saisie par l'opposition, a rouvert la voie à un procès. La balle est désormais dans le camp du parquet.

Omar El bachir

En 2015, le président soudanais Omar el-Béchir, recherché par la justice internationale pour génocide et crimes de guerre au Darfour (ouest du Soudan), participait à un sommet de l'Union africaine (UA) à Johannesburg. Le gouvernement l’avait laissé rentrer chez lui alors que  la justice sud-africaine lui avait interdit de quitter le pays. La Cour pénale internationale (CPI) a jugé en 2017 que Pretoria avait manqué à ses obligations. Le gouvernement sud-africain a en retour confirmé son intention de quitter le tribunal.

Un havre pour le bétail

Cette affaire est sans doute celle qui a le plus choqué les Sud-africains. Jacob Zuma a pris l’équivalent de 20 millions d’euros pour remettre à neuf sa résidence privée située à Nkandla (est), dans la campagne du pays zoulou. L’argent ainsi pris au contribuable a servi à aménager une piscine, un enclos pour le bétail et un poulailler. Le ministre de la Police n’a pas convaincu en prétendant que c’étaient des travaux de sécurité. Pour sa part, la médiatrice de la République a dénoncé un "détournement de fonds" et a exige le remboursement. Saisie la Cour constitutionnelle, a considéré qu’il s’agissait d’un viol de la loi fondamentale et Jacob Zuma a été contraint de reverser à l'Etat l'équivalent de 480.000 euros.

Sous influence

Sue un autre front, Jacob Zuma est accusé d'être depuis le début de ses mandats présidentiels sous l'influence de la très riche famille d'hommes d'affaires, les Gupta.

En 2014, l'avion privé des Gupta avait bénéficié d’une autorisation d’atterrir sur une base militaire sud-africaine et ses passagers, invités à un mariage, qui n’avaient subi aucun contrôle avaient été escortés par la police jusqu'au lieu de la noce. Un autre scandale. Une fois encore, la médiatrice de la République avait, en 2016, détaillé l'implication des Gupta dans la gestion des affaires de l'Etat, des pressions pour obtenir des contrats publics jusqu'à la nomination de ministres. Sommé de s'expliquer, le président reconnaît ses liens d'amitié avec la famille mais dément leur accorder le moindre passe-droit.

Avec AFP