Dans la région du Golfe, le casus belli est déjà là et tout le monde se demande si une nouvelle guerre va éclater. Et pour cause ! Deux pétroliers saoudiens ont fait l'objet d'actes de sabotage dimanche 12 mai 2019 dans la zone économique exclusive (ZEE) des Émirats arabes unis, au large des côtes de l'émirat de Fujairah, alors qu'ils étaient sur le point de pénétrer dans le Golfe d'Arabie. C’est ce qu’a révélé hier le ministre saoudien de l'Energie Khalid Al-Falih. On apprendra plus tard qu’il s’agit de deux tankers saoudiens, Al Marzoqah et Amjad, d'un bateau norvégien, Andrea Victory, et d'un cargo émirati, A. Michel.

Les autorités émiraties ont confirmé ces informations en faisant état d'«actes de sabotage» perpétrés à l'est de l'émirat de Fujairah, les qualifiant de «graves», même s’il n’y a pas eu de victimes et même si les bateaux touchés n’ont pas coulé. Autorités concernés et spécialistes mesurent la gravité de ces actes à l’aune de la menace inédite qu’ils font peser sur la liberté et la sécurité de la navigation et du transport maritimes dans une zone stratégique pour l’approvisionnement mondial en pétrole. Une enquête sera ouverte, ont promis les autorités émiraties et  elle "sera menée de manière professionnelle", a assuré le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash. "Les faits seront indiqués clairement", a-t-il assuré.

De son côté, le ministère saoudien des Affaires étrangères a qualifié ces actes de criminels qui ont "une incidence néfaste sur la paix et la sécurité régionale et internationale". Dans le même sens, le gouvernement émirati avait appelé la communauté internationale à "prendre ses responsabilités pour empêcher que de telles actions soient commises par des parties cherchant à porter atteinte à la sécurité de la navigation".

Nul besoin d’être un spécialiste de la géopolitique pour comprendre les parties dont il s’agit. Dès que l’information sur les actes de sabotage a été annoncée, tous les regards se sont automatiquement tournés vers l’Iran. Étouffé par les sanctions américaines, ce pays montre, à travers les déclarations belliqueuses de ses dirigeants, qu’un pis-aller n’est pas exclu de la part du pays des Mollahs.

D’ailleurs avec son franc parler habituel, Trump est allé droit au but. "On va voir ce qui va se passer avec l'Iran", a-t-il lancé au lendemain des actes de sabotage. "S'ils font quelque chose, ils vont souffrir énormément", a prévenu le président américain. D’ores et déjà, on sait à travers la presse américaine que 120.000 hommes pourraient être envoyés au Moyen-Orient et seraient prêts à intervenir face aux probables hostilités iraniennes. Ce qui est sûr, c’est que  le Pentagone a annoncé, vendredi dernier, l'envoi dans la région d'un navire de guerre transportant des véhicules, notamment amphibies, et d'une batterie de missiles Patriot, s'ajoutant au déploiement d'un porte-avions et de bombardiers.

Face aux sérieuses menaces américaines et à la condamnation, unanime, de la communauté internationale des actes de sabotages, les dirigeants iraniens tentent de jouer les innocents. "Ces incidents dans la mer d'Oman sont préoccupants et regrettables", a dit Abbas Moussavi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien. Ces déclarations ne trompent personne puisque le pays des Mollahs s’est érigé en soutien inconditionnel du terrorisme dans la région. Les miliciens houtis lui doivent leurs vivres et leurs armes. Eux qui viennent de revendiquer les dernières attaques aux drones contre des installations pétrolières saoudiennes. Des attaques que le ministre de l'Energie saoudien Khaled al-Falih a qualifiées de terroristes.

Face aux tensions croissantes dans la région du Golfe, les cours du pétrole ont rebondi de 1%. Aux dernières nouvelles, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 71,10 dollars à Londres, en hausse de 87 cents. A New York, le baril de WTI pour le contrat de juin gagnait 53 cents à 61,57 dollars. Pour éviter tout affolement, les Saoudiens assurent que la production sera maintenue à son niveau habituel. De leurs côté, les Émiratis se disent confiants dans la solidité de leur économie face aux provocations grave de l’Iran et ses proxys houthis.

Il n’empêche, l’ONU, par la voix de son porte-parole Farhan Haq, se dit préoccupée.