Les rebelles houthis, en marionnettes invétérées de l’Iran au Yémen, ont lancé la semaine dernière une attaque sophistiquée et coordonnée par drone et au sol contre un important oléoduc en Arabie saoudite, écrit Ahmed Charaï dans l’analyse que nous traduisons ci-après, publiée hier sur le site américain Newsmax.com. Conséquence directe, relève l’éditorialiste, un pipeline a cessé de fonctionner et les prix du pétrole sur les marchés américains ont fortement augmenté.

Cette attaque est la plus récente d'une série croissante d'attaques à la bombe et de drones », a déploré le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al-Falih, précisant que ce sont des pétroliers au large des Émirats arabes unis qui ont été ciblés cette fois-ci par des drones sur des stations de pompage alimentant un pipeline dans sa province orientale, riche en pétrole jusqu'au port de Yanbu sur la mer Rouge.

Le responsable saudien a promis que la production de pétrole saoudienne ne serait pas interrompue.

Même en l'absence de rupture d'approvisionnement en Arabie saoudite, la nouvelle a fait flamber les prix du pétrole aux États-Unis de 1,4%. Une véritable rupture bouleverserait les marchés pétroliers de New York et de Londres, en créant des fièvres de prix beaucoup plus prononcées. Ces augmentations de prix du pétrole finiraient par déteindre sur ceux des produits alimentaires et des biens de consommation (transportés par camion aux États-Unis) ainsi que sur les coûts de chauffage et de climatisation domestiques. Qu'ils le sachent ou non, les Américains ordinaires sont touchés par la guerre civile brutale et lointaine du Yémen.

Et la dernière série d’attaques perpétrées par les Houthis du Yémen semble être impulsée par l’Iran en réaction au durcissement des sanctions par le président Trump.

Les rebelles houthis du Yémen ont annoncé avoir lancé sept drones contre des installations vitales en Arabie saoudite, voisin du nord du Yémen. L'Arabie saoudite est en guerre avec les Houthis et leurs alliés au Yémen depuis mars 2015 et vise les rebelles alliés avec l'Iran avec des frappes aériennes quasi quotidiennes.

L'Iran, qui fournit de l'argent et des armes aux Houthis (et a également diligenté des instructeurs rebelles du Hezbollah) utilise depuis longtemps les rebelles pour porter atteinte aux intérêts saoudiens et faire avancer les siens.

Le calendrier serré des deux attaques de ces dernières semaines permet aux Iraniens de transmettre un message clair et menaçant aux Américains et aux Saoudiens, sans assumer directement la responsabilité de ces actes.

Jusqu’à récemment, le régime de Téhéran pensait pouvoir résister à la pression engendrée par les sanctions imposées par Trump et attendre l’élection présidentielle américaine de 2020, comptant sur une défaite de Trump qui lui éviterait de devoir se confronter directement avec les États-Unis qui se sont retirés de l’accord nucléaire international.

Le régime iranien a modifié son approche face à la gravité de la crise économique iranienne (l'inflation est montée à 40% par an, le chômage explose et les investissements étrangers périclitent) et la perspective désormais non déraisonnable d'une réélection de Trump pour quatre autres années leur fait craindre le pire.

Les dirigeants iraniens s’inquiètent de voir les États-Unis blacklister les gardes de la révolution iraniens en les désignant comme organisation terroriste avec toutes les sanctions qui en découlent.

Téhéran a menacé, dans un communiqué publiée cette semaine, de réduire son engagement envers l’accord nucléaire dans deux mois. Les deux attaques sur les sites pétroliers ont eu lieu peu de temps après, dans le contexte de la persistance d'alerte concernant de nouveaux actes terroristes iraniens contre des cibles américaines, en particulier des forces stationnées en Irak.Après que les porte-conteneurs émiratis aient été touchés, le général Qassim Soleimani, commandant de la Force Qods des Gardiens de la révolution, a publié des photos de lui-même sur son compte Instagram avec deux chefs de milices chiites en Irak, ce qui a été considéré comme un signal de double défi adressé aux Américains.Les Iraniens n’acceptent pas l’offre de dialogue direct que leur a proposé le président Trump, comme il l’a fait avec la Corée du Nord.Si l’Iran opte pour une politique de pis-aller avec les États-Unis, il lancera des attaques contre Israël et les citoyens américains qui y vivent. Pour ce faire, le jihad islamique dans la bande de Gaza ou le Hezbollah au Liban, tous deux financés par l'Iran, sont des perspectives de choix.L’Iran a clairement l'intention d’imposer son hégémonie sur la majeure partie du Proche-Orient, par le biais de forces de substitution et par son idéologie. Ses alliés sont poussés dans son camp davantage par peur que par volonté de soutien.Les États-Unis doivent créer une contre-alliance fondée non pas sur le pouvoir ou la peur, mais sur l'espoir. Espoir d'une vie meilleure, d'une économie plus prospère, d'une société plus libre et plus égalitaire.Cette alliance devrait s'étendre du Maroc à l'ouest à l'Irak à l'est et englober tous les pays arabes attachés au respect de la Constitution, à la liberté d'expression religieuse, au commerce exempt de droits de douane et à d'autres valeurs fondamentales. Les visées de Iran peuvent être endiguées, sans bombes, par des idées et des institutions.