Le Conseil de Bank Al-Maghrib, qui a tenu mardi 17 mars, sa première session de l’année 2020, a décidé de réduire le taux directeur de 25 points de base à 2% pour soutenir l’activité économique, tout en continuant à suivre de très près l’ensemble des évolutions.

Lors de cette réunion, le Conseil s’est enquis d’abord du déroulement de la mise en oeuvre du Programme intégré d’appui et de financement des entreprises mis en place suite au discours de SM le Roi Mohammed VI du 11 octobre 2019, souligne la Banque centrale dans un communiqué.

Le Conseil a également fait le point sur les développements du marché de change suite à la décision d’élargissement, à partir du 9 mars 2020, de la bande de fluctuation du dirham par rapport au cours de référence de ±2,5% à ±5%, notant à cet égard que cette nouvelle phase de la transition est initiée “à un moment approprié et que le marché continue de fonctionner dans de bonnes conditions”.

Après avoir analysé l’évolution récente de la conjoncture économique et les projections macroéconomiques de la Banque sur les huit prochains trimestres, le Conseil s’est attardé en particulier sur les répercussions des conditions climatiques défavorables qui prévalent au Maroc et de la propagation à l’échelle mondiale de la pandémie Covid-19.

A cet effet, le Conseil de BAM a relevé que “l’évolution rapide de cette pandémie exige l’actualisation fréquente de l’évaluation de la situation et des prévisions économiques”.

La Banque centrale indique également que les dernières données disponibles des comptes nationaux relatives au troisième trimestre de 2019 font ressortir une décélération de la croissance en glissement annuel de 3% à 2,1%, impactée en particulier par une contre-performance des activités agricoles.

En 2020, cette croissance, pâtissant de l’effet conjugué des conditions climatiques défavorables et de la propagation au niveau mondial de la pandémie Covid-19, devrait, selon les prévisions de BAM, stagner à 2,3%.

L’année prochaine, la croissance enregistrerait un rebond à 3,8%, avec une augmentation de la valeur ajoutée agricole de 8,1%, sous l’hypothèse d’une récolte céréalière moyenne de 75 millions de quintaux, et une amélioration de la croissance non agricole à 3,3%, estime BAM, notant toutefois que ces prévisions restent entourées de “fortes incertitudes” et sont sujettes à “une révision à la baisse si la propagation de la pandémie Covid-19 au niveau mondial n’est pas contenue à court terme”.

Pour ce qui est de l’inflation, le Conseil a noté qu’après s’être établie à un niveau faible de 0,2% en 2019, l’inflation devrait se situer à 0,7% en moyenne sur l’ensemble de l’année 2020 et s’accélérer à 1,2% en 2021, avec une augmentation graduelle de sa composante sous-jacente de 0,6% en 2019 à 1% puis à 1,3% en 2021.

Sur le marché du travail, l’économie nationale a connu en 2019 une création nette de 165 mille emplois. Cette évolution reflète notamment une hausse de l’emploi de 267 mille postes dans les services et une perte de 146 mille dans l’agriculture, fait observer BAM, ajoutant que compte tenu d’une entrée nette sur le marché de 135 mille demandeurs d’emploi, le taux d’activité est revenu de 46% en 2018 à 45,8% en 2019 et le taux de chômage de 9,5% à 9,2%.

Pour sa part, le déficit du compte courant se serait atténué à 4,4% du PIB en 2019, et devrait s’alléger davantage sur l’horizon de prévision pour revenir à 3,5% en 2020 et à 2,5% du PIB en 2021, estime la Banque centrale.

En 2020, les importations continueraient à progresser à un rythme modéré avant d’enregistrer une accélération en 2021, reflétant principalement l’évolution de la facture énergétique. A l’inverse, les exportations afficheraient une nette accélération, sous l’effet essentiellement de la hausse de la production que devrait connaitre la construction automobile, selon les chiffres annoncés par l’usine PSA.

S’agissant des conditions monétaires, le taux de change effectif réel est ressorti en appréciation de 1,1% en 2019, résultat notamment d’un net accroissement de la valeur de la monnaie nationale en termes nominaux. Celui-ci devrait s’atténuer sensiblement en 2020 et se dissiper en 2021.

En ce qui concerne le crédit bancaire au secteur non financier et sur la base des prévisions de la croissance et des effets attendus du programme intégré d’appui et de financement des entreprises, le crédit au secteur non financier devrait terminer l’année en progression de 4,5% avant de se renforcer de 5,3% en 2021, relève la même source.

La Banque centrale souligne par ailleurs qu’à moyen terme, le processus de consolidation budgétaire devrait se poursuivre, à un rythme “plus lent” que prévu en décembre, estimant que le déficit budgétaire hors privatisation devrait, compte non tenu des efforts exceptionnels que le gouvernement est amené à consentir dans la conjoncture difficile actuelle, connaitre une légère atténuation à 4% du PIB en 2020, puis à 3,9% du PIB en 2021.

map