Les médecins, médecins dentistes et pharmaciens de la santé publique en Tunisie observeront, à partir de mardi, une grève générale en signe de protestation contre "la dégradation de leur situation sociale et sanitaire ». Ils exigent la fin d’une "politique meurtrière en matière de santé".

D'après le syndicat des médecins, médecins dentistes et pharmaciens de la santé publique relevant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), cette grève intervient suite à l'échec des négociations et l'absence d'un accord final sur les revendications du secteur.

La même source a précisé, dans un communiqué, que toutes les prestations médicales seront suspendues, sauf les cas urgents.

La décision d'observer ce mouvement de protestation intervient à l'issue d'une réunion de négociations tenue vendredi dernier, entre l’autorité de tutelle et le syndicat des médecins, médecins dentistes et pharmaciens de la santé publique qui appelle à reconnaître le médecin généraliste en tant que médecin spécialiste de famille et de lui concéder les avantages qui en découlent.

Il revendique aussi l'ouverture des opportunités de travail dans le secteur privé, à combler le déficit en ressources humaines, l'octroi de la prime de travail dans les régions intérieures et la création d'une prime des pandémies, ainsi que la titularisation des médecins temporaires.

Plusieurs ONG, dont le Forum tunisien des droits économiques et sociaux et "Oxfam", avaient lancé, en octobre dernier, une campagne intitulée "Le corona tue, l’austérité tue encore plus" pour réclamer la fin d’une "politique meurtrière en matière de santé".

Selon l’étude d’Oxfam sur les inégalités en Tunisie, en raison des politiques d’austérité budgétaire, la part de la santé dans le budget de l’Etat tunisien n’a pas cessé de baisser, passant de 6,6 % en 2011 à 5 % en 2019 et à 5,5 % en 2021.

D'après la secrétaire générale du Syndicat des médecins, médecins dentistes et pharmaciens hospitalo-universitaires (SMMDPHU), Ahlem Behadj, cette "situation alarmante" du secteur de la santé publique en Tunisie est aggravée par le phénomène de la migration des médecins qui s'est accru au cours de la dernière période.

Environ 80% des nouveaux diplômés du secteur médical sont partis travailler à l'étranger en 2019 et 70% des médecins de famille ont exprimé leur intention de quitter le pays.

MAP