Le cinéma africain dévoile (contre son gré) une face bien sombre, celle des abus dont sont victimes ses actrices. Considérées comme « des propriétés » des cinéastes qui les engagent, ces femmes vivent très souvent des scénarios horribles sur les sets. Propos obscènes, agressions sexuelles et viols deviennent alors des moyens de pressions exercés par les réalisateurs pour dompter leurs victimes.

Ayant choisi de parler, la star burkinabè Kady Traoré a était la cible de deux tentatives de viols, dont l’une lors du Festival International de Carthage. La carrière bien assise, l’artiste a pourtant avoué son angoisse durant toutes ses années. Interviewée par le Monde, celle que l’on ne présente plus en Afrique de l’Ouest a été meurtrie par un silence forcé.

Tout comme ses compagnes d’infortune, Kady Traoré a dû faire face à la honte, au traumatisme et à la peur de voir ces horreurs se produire à nouveau. « Quand tu es une femme dans le cinéma, les hommes veulent coucher avec toi pour te contrôler » Un état de fait qui a longtemps bénéficié d’une omerta absolue. Ajoutons à cela que la résistance peut rapidement virer au drame. Ce fut le cas de la comédienne ivoirienne Azata Soro, défigurée à l’aide d’une bouteille de verre par le réalisateur Tahirou Tasséré Ouédraogo. Frustré de voir ses avances éconduites, l’homme s’est vengé sur le visage de la jeune femme. « Quand tu refuses, ça devient violent » constate tristement K. Traoré. « Je me souviens lorsque mon premier agresseur, m’a jetée sur mon propre lit. Je me suis débattue, il s’est enfui. Un journaliste… » a-t-elle raconté à la presse. L’homme était venu frapper à sa chambre d’hôtel après un diner collectif. A mille lieux d’imaginer ce qu’il s’apprêtait à faire, Kady Traoré l’avait laissé entrer (...). Soutenue aujourd’hui par des dizaines de consœurs, elle tente de changer la donne et d’éviter à des aspirantes actrices de plier face à leurs tortionnaires.