Finalement on a pu déchiffrer la déclaration du président algérien lorsqu’il avait dit « nous avons une certaine complicité avec le chef de l’État français ». Abdelmajid Tebboune n’a pas dit entente ou affinités, mais bien complicité, ça veut dire ce que ça veut dire. Il n’a pas dit non plus avec la France, mais avec le président. Entre une junte militaire et un État devenu dangereux pour ses propres citoyens, la complicité n’étonne pas.

C’était il y a quelque temps et aujourd’hui cette complicité sort au grand jour, avec la visite du chef d’état-major de l’armée algérienne à Paris. On peut en douter un instant quand on voit comment le général algérien se met au garde à vous devant le général français, mais la complicité peut tout aussi bien exister entre un chef et son subordonné, rien ne l’empêche. Remarquons en passant que les Français n’ont aucun scrupule à accueillir en grandes pompes un militaire accusé par les Algériens de crimes de guerre, qui travaille en sous-main du général Nezzar connu pour être le principal responsable de la décennie noire qui a laissé près d’un quart de million de morts. On ne peut pas croire que le président français ne le sait pas. Mais, même s’il sait, il a d’autres priorités qui nécessitent quelques sacrifices même si cela peut salir l’image d’une France dite des droits de l’Homme.

Le silence de l’Élysée et des médias à l’égard de cette visite et de ses desseins occultes, notamment la signature de contrats juteux pour l’industrie militaire française, révèle les véritables projets du nouvel axe Paris-Alger, sachant, qu’en toute logique, ces armes sont destinées à être utilisées contre le Maroc, par une junte militaire algérienne belliciste.

Les directeurs des rédactions de la presse française, habitués des dîners confidentiels avec le président Emmanuel Macron, sont rompus à ce genre d’exercices pour fomenter leurs coups de Jarnac avec comme cible de choix le Maroc et ses intérêts stratégiques. Un Maroc qui gêne par sa projection multiforme et la diversité de ses alliés stratégiques.

L’augmentation colossale en 2023 du budget militaire de l’Algérie et la visite de Chengriha pour renflouer les caisses du complexe militaro-industriel français vient confirmer, si besoin, un basculement structurel de la France de Macron, vers l’Algérie au détriment du Maroc et de ses propres intérêts.

L’Elysée et ses têtes d’œufs savent-ils qu’en attaquant le Maroc via son proxy algérien, elle détruirait les intérêts de milliers de citoyens français et de centaines d’entreprises françaises ? L’Algérie n’a rien à perdre puisque n’ayant que des champs de gaz et de pétrole à protéger et presque pas d’infrastructures qui méritent qu’on se chamaille pour elles.

Où va donc Macron ? On ne sait pas au juste, par contre on sait où il ne va pas. L’Afrique est en train de se fermer préférant des partenaires plus sérieux que la France qui se fait humilier par des États qui lui donnent des délais courts pour qu’elle retire ses troupes. Aucun pays occidental n’a reçu autant de gifles en si peu de temps.

Et qui est le maillon faible que l’Élysée peut utiliser pour résister au rejet africain ? Un régime fragile qui a toujours peur de la révolution et dont les dirigeants négocient plus pour leurs trésors cachés en Europe que pour les intérêts de leur propre pays. La France joue la facilité donc. En s’alliant à une junte militaire, l’État français se moque des citoyens algériens qui réclament la liberté et la démocratie et de la même façon, il confirme  aux citoyens africains qu’ils ne valent que tant que leurs pays ont quelques richesses à piller.

C’est fini la France qui était un exemple. Aujourd’hui, les Africains ont d’autres modèles et la France ne fait plus recette. Or, parmi ces modèles il y a le Maroc. Nous y voilà ! C’est là où se rencontrent les intérêts de Macron et de la junte militaire : Faire en sorte que le Maroc soit empêché d’aller plus loin et si possible le renvoyer des décennies en arrière. Donc, l’Algérie peut faire la guerre au Maroc et ainsi la France se débarrassera d’un sérieux concurrent sur l’Afrique. L’Algérie ne va rien y gagner à part peut-être de gros bisous du président, mais qu’importe, ce qui l’intéresse c’est que le Maroc crève. Evidemment, le Maroc ne crèvera pas, parce qu’il a déployé une politique internationale qui le met à l’abri de tout danger.

Voyons maintenant ce qui se passera en France même. Comme on ne peut pas compter sur les médias français que le pouvoir sait diriger dans le sens de ses intérêts, on peut analyser la situation. Les tensions créées en France, depuis l’élection de Macron ne semblent pas diminuer surtout que les Français sont irrités par le style condescendant de leur président. Le pays est de plus en plus divisé à cause des choix de ses gouvernants. La bérézina énergétique, les inégalités sociales, la gestion désastreuse de la pandémie où le Maroc a été plusieurs fois donné en exemple par les médias français, la faiblesse de la France devant les autres pays de l’Union européenne…sont autant de motifs qui poussent les Français à la colère et à la contestation.

C’est malheureux pour les Français, devenus si détestés en Afrique alors qu’ils n’ont rien fait. Personne ne pourra nier leur apport à la civilisation humaine mais il y a l’Algérie. Et à ce propos on écoute l’ancien ambassadeur de France à Alger  Xavier Driencourt :

« Je dirais que l’Algérie nouvelle est en train de s’effondrer sous nos yeux et qu’elle entraîne la France dans sa chute ». Si c’est un grand diplomate qui le dit…

Finalement, il est quand même hilarant de voir Macron jouer à la roulette russe en Afrique alors que, à cause de ses choix désastreux, les Russes sont déjà sur place.