Face à des rencontres en ligne qui se multiplient à la vitesse grand V, les escrocs du net pullulent de plus belle en Afrique de l’Ouest.

Journaliste d’origine nigériane, Hannah Ajala, s’est intéressée de près au phénomène des « romance scams ». Son enquête reprise par BBC Africa témoigne d’une tendance qui n’est pas près de s’estamper. Il y a 20 ans de cela, les love-escrocs nigérians ouvraient le bal sur le net ; avant d’être rattrapés par d’autres en provenance de Côte d’Ivoire, du Ghana ou du Bénin. Leur mode opératoire est resté le même. Trouver des personnes en quête d’amour, échanger avec elles sous une fausse identité, augmenter la cadence, puis tenter de leur soutirer de l’argent par des motifs absurdes. Devenus affectivement dépendants, les individus visés envoient le cash au nom de sentiments qui n’ont jamais existés.

Ayant interrogé d’anciens scameurs, Hanna Ajala a fait de nombreuses découvertes.  « Certains éprouve de légers remords mais continuent quand même. Quand vous leur demandez pourquoi, ils répondent que c’est minime comparé à la traite négrière par exemple ou aux exactions commises par les nations développées. Certains m’ont dit que c’était le seul moyen de passer de la pauvreté à la richesse ».

Malgré l’ampleur du phénomène, les internautes continuent de mordre à l’hameçon, persuadés de vivre quelque chose de spécial. « Cela peut arriver à n’importe qui et prendre différentes formes, d’où l’importance de rester vigilants » a précisé la jeune femme, avant de fournir des moyens de déjouer les plans d’un arnaqueur. « Ces gens volent des photos sur le net et les utilisent comme les leurs, lorsque vous faites connaissance avec quelqu’un, pensez à vérifier ses photos sur les moteurs de recherches. Si elles appartiennent à un tiers vous le saurez immédiatement ». S’assurer de la véracité des données est ici une question de sécurité.

« Posez des questions sur les publications montrées, sa famille, son job et effectuez vos propres recherches. Changez de mode de communication sans prévenir. Si vous avez l’habitude de parler sur WhatsApp, essayez un vidéo call ou appelez la personne directement pour voir si elle correspond à ce qu’elle prétend être. Ne vous laissez pas mener en bateau et n’ayez pas honte de confronter autrui sur les incohérences remarquées ». 

Après des années de recherches, Hannah Ajala s’est rendue compte que les cybers escrocs ouest africains avaient développé un arsenal de nouvelles combines. « Ils ont peaufiné leur expérience en la matière. Normal, ils étaient déjà en avance sur leur temps. Mais ce fléau commence aussi à prendre pied ailleurs ».

Les cyber love-menteurs proviennent désormais de Turquie, de Chine, des Emirats Arabes-Unis et même du Royaume-Uni. « La malhonnêteté n’a pas de frontières, c’est à nous de faire attention et de regarder au-delà de notre besoin de compagnie. La toile est vaste et tout le monde y convoite quelque chose… »