La cinéaste a été nominée pour son film Bazigaga. Un court-métrage intense qui raconte l’histoire d’une héroïne de la guerre.

 

1994, en plein génocide, une femme chamane Hutu du nom de Bazigaga décide de risquer sa propre vie pour sauver un pasteur tutsi et sa fille. Ayant trouvé refuge dans la hutte de la guérisseuse, le duo cherche un moyen de fuir. Inspirée de l’histoire vraie d’une guérisseuse (Zura Karuhimbi), l’œuvre de Jo Ingabire Moys est la première réalisation rwandaise à être nominée aux BAFTA.

Également rescapée de guerre, la cinéaste a été témoin du massacre de la moitié de sa famille. Blessée par balles durant ce tragique épisode, elle doit sa survie et celle de trois autres membres de sa famille à une voisine Hutu du nom de Harifa. « Elle a été la seule du quartier à nous porter secours lorsque les soldats sont venus pour nous exterminer. Harifa a ramené des vivres jusqu’à ce que nous soyons en mesure de nous échapper, elle nous a aidé à enterrer nos morts. Nous lui devons tout ».

A travers son œuvre, la jeune femme a voulu rendre hommage à toute ces âmes charitables qui se sont dévouées pour sauver des gens d’une ethnie qui n’était pas la leur.  C’est en visitant le Mémorial du génocide, que l’artiste a entendu parler de Karuhimbi pour la première fois. « Elle a sauvé des centaines d’individus. Je l’ai trouvé fascinante et cela m’a donné envie d’en apprendre davantage à son sujets.  Elle était très crainte et utilisait les superstitions des personnes pour mener à bien sa mission. »

Tourné en 2020, le film explore la dualité Hutu/Tutsi à travers les personnages principaux. Des êtres que tout oppose mais qui au fil de l’intrigue finissent par se découvrir énormément de points communs.