Maroc-Afrique Impulsée par le Maroc, la coopération sud-sud commence à porter ses fruits. Inscrit désormais dans une stratégie de long terme, ce processus est appelé à se développer davantage. L’avenir de l’Afrique en dépend.

C’est un signe qui ne trompe pas. Le roi Mohammed VI a effectué le plus grand nombre de ses visites officielles dans des pays africains. Autre signe révélateur, l’économique est allé de pair avec le politique dans chacun de ces déplacements. Aux côtés de ministres et de hauts responsables, de nombreux patrons, conduits par la présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc, étaient de tous ces voyages. À l’occasion, divers projets sociaux ont été lancés. Exemples : Au Mali, un projet de construction d’une clinique périnatale de la Fondation Mohammed V a été conclu. Il a été également convenu de mettre à disposition des éleveurs maliens de semences bovines par la même Fondation. En Côte d’Ivoire, le royaume s’est engagé à soutenir le Fond d’appui aux femmes ivoiriennes. D’autres projets à caractère socio-économique ont été également lancés. Dans ce cadre, l’OCP aidera les agriculteurs guinéens à fertiliser leurs terres. Mieux, au Gabon, l’Office produira plus de 2 millions de tonnes par an d’engrais à forte teneur en phosphate et en ammoniaque, qui seront acheminés en priorité vers les pays africains à l’horizon 2018. Un investissement de 2,3 milliards de dollars devrait être mobilisé pour l’édification, dans un premier temps, d’une unité de production d’ammoniaque à partir du gaz gabonais. Ce sera la première unité de ce type dans la région. Dans le même esprit, une autre unité d’engrais nécessitant 600 millions de dollars d’investissement est en passe d’être achevée à Jorf Lasfar. Elle est également destinée à l’Afrique et vise à utiliser les ressources naturelles africaines en priorité pour satisfaire les besoins des économies du continent. C’est ainsi que le Maroc compte contribuer à assurer la sécurité alimentaire en Afrique. À tous ces projets, s’en ajoutent d’autres qui seront l’oeuvre d’entreprises marocaines ayant déjà fait leur preuve en terre africaine. Ces chantiers permettront la construction de routes, de ports, de logements sociaux, d’écoles et de diverses infrastructures nécessaires au développement de l’Afrique. Après la forte percée sur le plan continental des banques et assurances marocaines, de l’Office national de l’eau et de l’électricité ainsi que de grandes entreprises comme Maroc Telecom, Managem, entre autres, un nouvel élan a été donné aux relations du royaume avec nombre de ses partenaires d’Afrique subsaharienne.

Le tout sur la base de la vision royale de la coopération intercontinentale dont les socles sont : la confiance, le co-développement et l’ouverture sur le monde à travers des partenariats triangulaires. En parallèle, le Maroc fait profiter de son savoirfaire en matière religieuse le Mali, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Gabon et le Nigéria en y formant bon nombre d’imams. Sans oublier son apport dans le domaine sécuritaire à travers le continent. Présenté désormais comme exemple par les grandes institutions internationales, l’engagement du Maroc en Afrique ne date pas d’aujourd’hui. En une décennie, le royaume a signé quelque 500 accords avec plus de 40 pays. Depuis longtemps, il vient aussi en aide aux pays qui en ont besoin en leur accordant près de 300 millions de dollars par an au titre de l’aide publique au développement (APD), soit 10 % de la totalité de ses échanges avec l’Afrique. En outre, il y a plus d’une décennie déjà, lors du sommet Europe- Afrique tenu en 2000 au Caire, le Maroc a été parmi les premiers pays à avoir annulé la dette des pays africains les moins avancés. Ce n’est pas tout, le royaume a aussi exonéré totalement les produits en provenance de ces pays des droits de douane à l’entrée de son marché. Désormais, dans la nouvelle phase engagée avec ses partenaires africains, le Maroc s’oriente, sur le plan économique, vers le co-investissement porteur et responsable pour assurer un développement intercontinental durable. Dans cette perspective, il reste beaucoup à faire.

le port de Kamsar, au nord de Conakry, en guinée. les importations de l’Afrique vers le Maroc progressent de 12 % en moyenne annuelle. AFP/GEORGES GOBET

Des échanges à renforcer

Selon les chiffres de l’Office marocain des changes, sur un volume global des échanges commerciaux du Maroc avec le reste du monde qui a été de 562,6 milliards DH en 2013, les transactions commerciales du Maroc avec l’Afrique ne représentent que moins de 7 %, avec un taux d’accroissement annuel moyen de 13,6 % entre 2003 et 2013. Il n’en demeure pas moins que le royaume revient de loin. Au terme de ces dix dernières années, les exportations du Maroc à destination de l’Afrique dans sa globalité ont plus que quadruplé en passant de 3,6 à 16,3 milliards de DH de 2003 à 2013. Ces chiffres, qui étaient de moins de 8 milliards de DH en 2008, ont plus que doublé en 5 ans. La répartition par marchés des exportations marocaines à destination de l’Afrique montre la dominance de l’Afrique subsaharienne. Les exportations du Maroc vers cette région ont plus que quintuplé en 10 ans, passant de moins de 3 milliards de DH en 2003 à près de 12 milliards de dirhams en 2013, marquant une croissance annuelle moyenne de 18 %. Selon la Division des études et des prévisions financières relevant du département de l’Economie et des finances, huit pays participent pour plus des deux tiers aux exportations à destination de la région subsaharienne. Il s’agit du Sénégal (2 milliards de DH), de la Côte d’Ivoire (0,9 milliard de DH), de la Guinée (0,9 milliard de DH), du Nigéria (0,9 milliard de DH) et du Ghana (0,9 milliard de DH). À titre indicatif, le Sénégal, premier client africain incontesté du Maroc, absorbe, à lui seul, près de 14 % des exportations marocaines en huiles de pétroles et lubrifiants, soit 917 milliards de DH en 2013. En gros, les exportations marocaines vers l’Afrique sont constituées à 28 % des produits alimentaires, des boissons et des tabacs. Les demi-produits représentent 23 %, les produits finis d’équipement industriel 17 %, les produits finis de consommation 16 % et enfin l’énergie et les lubrifiants 12 %. Parallèlement à l’augmentation des exportations du Maroc vers l’Afrique, les importations ont progressé de 12 % en moyenne annuelle. Elles se sont établies, selon l’Office des changes, à 19,8 milliards de dirhams en 2013, soit une part de 5,2 % du total des importations du Maroc contre 4,8 % en 2003. Représentant 60 % des importations marocaines en 2013, les produits énergétiques (importés surtout de l’Algérie) pèsent lourd dans la balance, suivis des demi-produits (13 %) et des produits alimentaires, des boissons et des tabacs (13 %). Ces chiffres laissent apparaître la faiblesse des importations du royaume de l’Afrique subsaharienne. Celles-ci se sont établies à 2,8 milliards de dirhams en 2013, bien loin du pic de 4,5 milliards de dirhams réalisé en 2010 et de la moyenne de 3,6 milliards de dirhams sur la dernière décennie. Ces importations ne représentent que 0,7 % des importations totales du Maroc en 2013 contre 1,8 % en 2003. Résultat, le solde commercial, largement excédentaire en faveur du Maroc depuis 2008, s’est nettement renforcé ces dernières années pour atteindre 8,9 milliards de dirhams en 2013. Selon les chiffres officiels, les investissements marocains en Afrique sont essentiellement constitués d’investissements directs en Afrique subsaharienne, qui représentent 85 % du total des flux des IDE sortants vers le continent et 51 % du total des IDE marocains à l’étranger entre 2003 et 2013. Le Maroc est présent en Afrique subsaharienne à travers des investissements directs dans 14 pays dont le Soudan, l’Île Maurice, la Mauritanie, et onze pays de l’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale, dont la Guinée, le Nigéria, la R.D. du Congo et 8 pays appartenant à la Zone Franc, notamment le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la République Centrafricaine, le Gabon et le Congo Brazzaville. La répartition sectorielle des investissements directs marocains en Afrique indique que la moitié des flux sortants des IDE marocains entre 2007 et 2012 concerne le secteur des Banques (52 %), suivi des Télécommunications (32 %), des Holdings (7 %) et de l’Industrie (3 %). La répartition sectorielle des investissements directs marocains en Afrique montre que la moitié des flux sortants des IDE marocains entre 2007 et 2012 concerne le secteur des Banques (52 %), suivi des Télécommunications (32 %), des Holdings (7 %) et de l’Industrie (3 %).

Maroc-Chine-Afrique : la croissance triangulaire

« J’ai la conviction que la prochaine visite de Sa Majesté le Roi en Chine sera couronnée d’un grand succès et promouvra notre coopération bilatérale dans tous les domaines », a affirmé Yu Zhengsheng. Le président du Comité national de la Conférence consultative politique du Peuple chinois (CCPCC) et également membre du Comité permanent du bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois s’exprimait à l’issue de l’audience que lui a accordée le Souverain, le 4 novembre, au Palais Royal de Fès. Le responsable chinois a souligné que son pays cherche à élargir la coopération pratique avec le Maroc dans divers domaines pour promouvoir les relations sino-marocaines. « La Chine est disposée à maintenir des échanges de haut niveau fréquents, à renforcer la confiance politique mutuelle avec le Maroc et à encourager plus de compagnies chinoises à investir dans le pays d’Afrique du Nord », a-t-il indiqué. Pour rappel, lors de sa dernière tournée africaine, le Premier ministre chinois, Li Keqiang avait annoncé que Pékin voulait porter d’ici à 2020 ses échanges commerciaux avec l’Afrique à 400 milliards de dollars et les investissements directs dans ce continent à 100 milliards de dollars. Selon les chiffres publiés par la Chambre chinoise du commerce international, le volume sino-africain a atteint 210,2 milliards de dollars en 2013, contre 198,49 milliards de dollars en 2012 tandis que les investissements directs chinois en Afrique ont dépassé les 25 milliards de dollars. Les exportations chinoises vers l’Afrique ont atteint 92,8 milliards de dollars en 2013, en hausse de 8,8 %, alors que les importations en provenance de l’Afrique s’établissent à 117,4 milliards de dollars, en augmentation de 3,8 %.