L'Afrique du Sud a commencé à déployer l'armée mardi, notamment dans le township d'Alexandra à Johannesburg, pour aider la police à enrayer les violences xénophobes qui ont fait au moins sept morts depuis avril dans le pays.

Réclamée par les associations de la diaspora africaine en Afrique du Sud depuis déjà plusieurs jours, la mobilisation exceptionnelle de l'armée est "le dernier recours", a déclaré la ministre de la Défense Nosiviwe Mapisa-Nqakula.

"La décision n'a pas été prise à la légère", a-t-elle souligné lors d'un point presse.

"L'armée va être utilisée comme force de dissuasion contre la criminalité que nous observons", a-t-elle argumenté. "Nous ne sommes pas un État militaire. Ce n'est pas trop tard, c'est le bon moment".

"Nous déployons aussi des troupes au Kwazulu-Natal (province de Durban, Est, où ont débuté les troubles, NDLR). A l'heure qu'il est, elle y est peut-être déjà. Il est de notre responsabilité de garantir que tout le pays est OK", a-t-elle ajouté.

En mai 2008, au paroxysme de la violence xénophobe qui avait fait 62 morts, l'armée avait aussi été déployée. Depuis, le gouvernement de Jacob Zuma a aussi fait appel aux militaires lors des grèves sauvages sanglantes des mineurs de Marikana.

La présence de l'armée dans les townships rappelle un temps pas si lointain où jusqu'au début des années 1990, la violence était celle du régime raciste d'apartheid et s'exerçait contre la majorité noire.

A quelques jours de la fête nationale lundi prochain, 21e anniversaire du droit de vote des Noirs, le gouvernement s'évertue cependant à rétablir la situation au plus vite ainsi que la réputation du pays.

A Alexandra, township adjacent aux beaux quartiers de Johannesburg, une nouvelle agression a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi, visant un couple de Zimbabwéens.

"Ils ont pu sortir (de l'hôpital) et sont hors de danger", a précisé la ministre, rentrée précipitamment la veille de l'étranger.

Quelque 400.000 personnes s'entassent dans la pauvreté à Alexandra.