Selon la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, l'incapacité de l'Union européenne (UE) d'apporter une réponse coordonnée aux flux des réfugiés fait le jeu du groupe de l'organisation terroriste 'l'Etat islamique'' (EI).

"La plus grande crise est d'ordre moral. Car la solidarité entre les membres de l'UE est menacée d'érosion. La promesse d'avenir qu'est l'Europe depuis 70 ans, ce modèle de liberté et de valeurs est menacé par la xénophobie et le nationalisme. C'est de l'eau au moulin de l'EI", a déploré la ministre allemande, en ouverture de la Conférence sur la sécurité de Munich.

von der Leyen a ajouté que les dissensions européennes autour de la question migratoire 'font le jeu de ceux qui veulent la fin de l'unité de l'Europe", appelant à 'une réponse systémique et avant tout européenne" à cette question.

L'Allemagne a accueilli plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015, et milite pour que les partenaires européens récalcitrants accueillent plus de demandeurs d'asile, ce qui donne lieu à des dissensions entre les Etats membres, menaçant l'espace Schengen et l'unité même du bloc européen.

Les déclarations de la ministre allemande interviennent après que les grandes puissances internationales aient annoncé s'être mises d'accord, dans la capitale bavaroise, sur une cessation des hostilités en Syrie d'ici une semaine et sur le rapide acheminement d'une aide humanitaire aux personnes prises au piège par le conflit.

Au terme de longues discussions, lors de la réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), les puissances, en l'occurrence les Etats-Unis, la Russie et une dizaine d'autres pays, ont réitéré leur volonté de voir se mettre en place une transition politique en Syrie une fois que les conditions sur le terrain se seront améliorées.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a admis, au cours d'une conférence de presse, que la réunion de ce Groupe n'a débouché que sur des engagements écrits. "Ce que nous avons besoin de voir dans les jours à venir, ce sont des effets sur le terrain", a-t-il dit, ajoutant que "sans une transition politique, il n'est pas possible d'arriver à la paix".

Le responsable américain a, toutefois nuancé que la cessation des hostilités ne s'appliquait ni à l'Etat islamique, qui occupe de pans entiers de la Syrie et d'Irak, ni à d'autres groupes militants combattant en Syrie.

De son côté, son homologue russe Sergueï Lavrov, a souligné que la Russie ne cesserait pas ses attaques aériennes, affirmant, lui aussi, que la cessation des hostilités ne s'appliquait pas à l'Etat islamique et au Front al Nosra, ce dernier étant affilié à Al Qaïda. "Nos forces aériennes vont continuer à travailler contre ces organisations", a-t-il dit.

Cet accord a été salué par la Turquie, qui accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens, estimant qu'il constitue un "pas important" sur la voie d'un règlement politique du conflit.

La déclaration faite aujourd'hui par les membres du Groupe international de soutien à la Syrie est un pas important sur la voie d'une solution à la crise syrienne, a estimé le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu.

"Cette déclaration souligne les questions qui bloquent le processus (de discussion) de Genève et offre une occasion de surmonter l'impasse dans laquelle est confronté le processus politique", a ajouté M. Cavusoglu.