Dans l’affaire Khashoggi, les trois principaux intervenants les plus directs sont connus, la Turquie, lieu de l’événement, l’Arabie saoudite, l’auteur et les Etats-Unis, lieu de résidence de la victime, entre autres. Les positions des uns et des autres sont révélées par les plus hauts responsables politiques. Il y a néanmoins d’autres pays tout aussi intéressés certains de loin, mais d’autres de plus près.

C’est le cas du Qatar que la Turquie considère comme un grand allié dans la région du Golfe. Or, explique, le journaliste Mark Bentley sur le site Ahvalnews, l’émir du Qatar a plutôt brillé par son silence. Attitude inattendue de la part du président turc Tayyp Erdogan qui devait s’attendre un soutien plus ferme de son « amis » qatari qui avait promis d’intervenir financièrement pour sauver l’économie et la monnaie turques de la crise dans laquelle elles s’éteint enlisées suite au différend avec les Etats-Unis.

L’émir Tamim Ben Hamad Al Thami  était prêt injecter pas moins de 15 milliards de dollars dans l’économie turque, ce qui serait une réelle bouffée d’oxygène. Erdogan aurait pu donc, tout naturellement, s’attendre à une réaction plus franche de la part du dirigeant qatari, d’autant plus qu’il n’y a pas longtemps, ce dernier lui avait fait cadeau d’un Boeing 747 de luxe coûtant la bagatelle de 500 millions de dollars, révèle Mark Bentley.

Les Turcs ont constaté que l’émirat a préféré intervenir à des niveaux bas de l’administration, comme le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Mais, il est vrai, il a mobilisé sa chaîne satellitaire Al Jazeera comme il l’a toujours fait pendant le Printemps arabe en soutien aux frères musulmans.

C’est d’ailleurs ce mouvement religieux extrémiste qui lie les deux pays et c’est ce qui alimente la mésentente avec l’Arabie saoudite et l’Egypte. Il faut rappeler que la Turquie et le Qatar avaient fortement soutenu le président Mohamed Morsi, membre des frères musulmans, avant qu’il soit chassé par le général Abdelfattah Sissi. Aussi bien le Qatar que la Turquie ont poursuivi leurs attaques contre les militaires égyptiens.

Par ailleurs, la Turquie qui se considère comme détentrice de l’héritage islamique, dispute toujours le leadership de l’Arabie saoudite, gardienne des deux lieux saints de l’Islam. Le Qatar, qui est isolé par l’embargo imposé par L’Arabie saoudite, l’Egypte, le Bahrain et les Emirats arabes unis, trouve dans la Turquie l’allié qui pourrait l’aider à contourner cette mesure sévère. Effectivement, la Turquie a envoyé diverses marchandises dont des produits alimentaires au Qatar, empêchant ainsi le pays de subir les effets de l’embargo.

Autant de signes de relations fortes et cordiales laissent penser que l’ émir du Qatar serait le premier à soutenir le président Erdogan dans sa crise avec les Etats-Unis et dans l’affaire Khashoggi, que Tayyp Erdogan a voulu exploiter au mieux de ses intérêts vis-à-vis de Donald Trump.