La tension est à son comble en République démocratique du Congo. Et pour cause ! Martin Fayulu crie au «putsch électoral». Il accuse son rival Félix Tshisekedi et le président sortant, Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, d’avoir fait truquer les résultats de l'élection présidentielle du 30 décembre dernier. Les avocats de Fayulu ont réclamé, mardi 15 janvier 2018, leur invalidation et donc leur annulation.Se basant sur les résultats recueillis directement par des observateurs des votes, Me Toussaint Ekombe affirme que le véritable vainqueur de l'élection présidentielle est Fayulu. «Ce candidat a réuni 8.648.635 voix, selon les résultats compilés par son camp», clame-t-il. L’avocat demande donc à la Justice congolaise d’ordonner le recomptage des voix pour que les erreurs manifestes soient rectifiées. Pour rappel, Tshisekedi a été proclamé vainqueur de la présidentielle avec 38,57% des voix et Fayulu deuxième avec 34,8% des suffrages.Ces chiffres sont faux et c’est une source, spécialisée et neutre, qui le prouve : le très sérieux Financial Times. Le 15 janvier 2019, dans une analyse chiffrée, illustrée par ses graphiques habituels, le quotidien économique et financier britannique confirme que Martin Fayulu est «clairement le vainqueur des élections présidentielles de la RDC». En passant au crible fin différentes données, recoupées et représentant 86% du total des suffrages exprimés dans l'ensemble du pays, le FT conclut que Fayulu a recueilli 59,4% des suffrages. En revanche, Tshisekedi, déclaré vainqueur de la surprise la semaine dernière, a terminé deuxième avec 19%. Par ailleurs, en se basant sur un ensemble distinct de résultats de vote collectés manuellement par les 40.000 observateurs de l’Église catholique et représentant 43% du taux de participation, le FT conclut que Fayulu a obtenu 62,8% de cet échantillon de voix. Les résultats rassemblés sur 28.733 points de vote correspondent presque parfaitement à l'ensemble plus vaste des résultats officiels observés par le FT, précise le journal.Le quotidien révèle que le plus grand ensemble de données, un tableur contenant plus de 49.000 enregistrements, contient les véritables résultats obtenus par voie électronique que les autorités ont cherché à dissimuler, selon une source ayant une connaissance directe de la manière dont les données ont été obtenues.Cette même source du FT, ayant requis l’anonymat, assure que les chiffres fournis proviennent de 62.716 machines à voter réparties dans tout le pays et ont été obtenus à partir de la base de données centrale de la commission électorale avant l'annonce des résultats.Une analyse du quotidien britannique des relevés montre une corrélation presque parfaite avec les résultats partiels de l’Église - avec un coefficient de corrélation compris entre 0,976 et 0,991 pour chacun des trois candidats en tête (1 correspondant parfaitement). Selon les résultats obtenus par le FT, Fayulu a recueilli plus de 9,3 millions de voix, soit 3 millions de plus que la commission électorale annoncée, et a remporté 19 des 26 provinces du Congo, dont la capitale Kinshasa et les provinces densément peuplées du Nord-Kivu et du Sud-Est. Kivu. En revanche, Tshisekedi a obtenu 3 millions de voix, soit 4,1 millions de moins que la commission électorale, alors que Shadary a obtenu 2,9 millions de voix, soit 1,5 million de moins que le nombre total publié.Certes déductions sont effectuées sur la base des résultats de 15,7 millions de votes sur les 18,3 millions ayant été exprimés le jour du scrutin, mais les votes manquants sont insignifiants et n’auraient rien changé à ces chiffres.Des dysfonctionnements dans les machines à voter ont fait que tous les résultats des votes n'ont pas été transmis à la base de données centrale, a déclaré au FT une source connaissant bien la base de données.L’indignation de Martin Fayulu et de l’opposition est légitime. La Cour constitutionnelle congolaise doit trancher les contentieux électoraux qui lui ont été officiellement signalés. Fayulu et ses avocats espèrent obtenir l'invalidation des résultats de la Commission électorale le recomptage des voix, mais pas l’annulation de l'élection. Une décision qui permettrait à Kabila de se maintenir au pouvoir. Pour l’écrasante majorité des Congolais, ce serait la catastrophe.
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Fraudes électorales en RDC : Le Financial Times publie des preuves
17/01/2019 à 08:46