Jeuneafrique a réservé la couverture de son dernier numéro, paru le 2 juin 2019, à Moïse Katumbi. En annonce d’une grande interview à travers laquelle chaque mot a son importance et chaque phrase est un message, le magazine reprend à sa Une cette phrase de l’enfant de Kashobwe : «Ce que je veux pour le Congo». L’autre message fort lancé en ouverture des pages intérieures sur une photo où l’on voit le visage du président du «Tout puissant Mazembe», de profil, regardant droit devant lui, certainement vers l’avenir : «Je serai un opposant constructif mais extrêmement vigilant».

S’enchaînent dans le corps de l’interview d’autres messages forts dont le premier est lancé dès la première réponse : «Je veux être une sorte de sentinelle et travailler la main dans la main avec l’ensemble de la population pour que personne, par exemple, ne s’avise de modifier la Constitution».

Au sujet de la garantie qu’il aurait pris sur sa sécurité personnelle avant de rentrer, Katumbi lance : «Ma meilleure défense, ma grande armée à moi, ce sont les Congolais. S’il devait m’arriver quelque chose, ils sauraient à qui demander des comptes». Kabila et son clan sont donc avertis.

Et maintenant ?

Pour bien montrer qu’il se tourne désormais vers l’avenir et vers la construction démocratique en RDC, Moïse Katumbi invite ses amis, Martin Fuyulu et Félix Tshisekedi, qu’il qualifie de «frères», à travailler ensemble dans l’intérêt général de la nation. Katumbi affirme n’avoir pas encore rencontré le président Tshisekedi, avant d’ajouter : «Un jour, nous serons bien obligés de nous voir pour parler de l’avenir du pays et des aspirations de sa population». En attendant, il estime que le nouveau président a bien entamé son mandat en marquant des points aux niveaux de la justice et des droits, mais il lui conseille d’aller plus loin : «Il faut absolument endiguer la corruption, limoger au plus vite les agents de l’Etat impliqués dans les malversations et les remplacer par des gens dignes de confiance».

Concernant ses ambitions personnelles en perspective de la prochaine présidentielle prévue en 2023, Katumbi se montre méthodique. Il entend bien structurer «Lamuka», la coalition qui rassemble l’opposition et bien s’occuper d’Ensemble pour le changement qui il pilote. «J’entends avant tout convaincre les Congolais qu’il existe dans ce pays une opposition exigeante et constructive». Pour lever tout équivoque, il précisera ensuite : «Soyons clairs, nous n’envisageons pas une seconde de constituer une opposition radicale. Pas question de susciter des guerres inutiles».

Voyant grand pour son pays, Moïse Katumbi se dit même prêt à saluer Joseph Kabila s’il le retrouvait un jour face à lui. «Nous sommes des adversaires politiques. Pas des ennemis», explique-t-il.

A travers toutes ses réponses, Katumbi montre que sa seule ligne directrice est la démocratie au service du peuple et que son seul combat est celui du développement de son pays.