Sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Rabat abritera du 1er au 3 décembre 2019 la 4ème édition de l’Africa Security Forum, un événement d’envergure internationale qui offrira durant 3 jours un espace de réflexion et de convergence des initiatives, afin d’apporter des réponses concrètes et adaptées aux enjeux auxquels le Continent doit faire face – aujourd’hui comme demain.

Co-organisé par le Centre de Recherches et d’Etudes Stratégiques Atlantis, et le Forum International des Technologies de Sécurité (FITS), l’Africa Security Forum réunit cette année les représentants de 35 pays africains, ainsi que 400 personnalités et experts issus des quatre coins du globe.

L’édition 2019 de l’Africa Security Forum abordera une thématique en phase avec les préoccupations mondiales : «L’Impact du Changement Climatique sur la Sécurité en Afrique», indique un communiqué.

En effet, le changement climatique bouleverse l’équilibre de la planète à un tel degré qu’il est difficile de cerner précisément son impact. Une chose est sûre toutefois : ses conséquences sur les écosystèmes, la biodiversité et les sociétés humaines soulèvent dès aujourd’hui de sérieux problèmes en matière de sécurité. Particulièrement en Afrique, continent le plus vulnérable de la planète aux impacts des changements climatiques en raison des défis politiques, socio-économiques et démographiques auxquels il doit faire face…

La thématique générale du changement climatique sera ainsi abordée sous plusieurs angles, qui constitueront les 3 temps forts de l’édition 2019 de l’Africa Security Forum :

  • Sécurité alimentaire et gestion de l’eau

    • Gestion améliorée de l’eau
    • Variations climatiques et sécurité alimentaire
    • Rendement des cultures et productivité du bétail

  • Accroissement démographique et développement agricole

    • Insécurité alimentaire et malnutrition
    • Population vulnérable et instabilité sociale
    • Crise alimentaire et développement agricole

 

  • Anticiper les solutions de demain

    • Sécurité nationale et conflits régionaux
    • Mécanismes d’alerte et coopération continentale
    • Gestion des réserves stratégiques

Changements climatiques, explosion démographique et raréfaction des ressources : la difficile équation africaine

De par le monde, le changement climatique impacte la faune, la flore, et les sociétés humaines. Une réalité encore plus prononcée en Afrique où ces facteurs, conjugués à la raréfaction des ressources et à la pression démographique, offrent un terreau fertile au renforcement des flux migratoires, ainsi qu’aux conflits autour des ressources entre éleveurs et cultivateurs, entre ethnies, voire entre nations…

Plusieurs projections et études laissent augurer, à l’horizon 2030-2050, de contraintes majeures résultant du changement climatique. Des contraintes qui toucheront avec un effet démultiplié les pays africains qui n’auront pas mis en place des mécanismes proactifs de prévention.

Commençons par un constat amer : le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation en Afrique est estimé à ce jour à 240 millions. Selon le GIEC, une hausse de température comprise entre 1,2 et 1,9 degré Celsius pourrait faire exploser le nombre d’Africains sous-alimentés, qui augmentera de 25% en Afrique Centrale, de 50% en Afrique de l’Est, de 85% en Afrique Australe et de 95% en Afrique de l’Ouest.

Les répercussions de la malnutrition sur le développement des enfants africains, et donc sur l’avenir du continent, a été évalué entre 2 et 16% du PIB par la Commission Economique pour l’Afrique. Un chiffre d’autant plus éloquent quand on sait que la population africaine culminera à 2 milliards d’habitants en 2050. A cet horizon, les trois-quarts des naissances mondiales auront lieu dans le Continent…

Le spectre de la malnutrition est d’autant plus à craindre que les rendements agricoles connaissent une baisse avérée en raison des changements climatiques, avec des cycles agricoles plus courts associés à d’importantes perturbations du régime des précipitations – ce qui viendra aggraver les problèmes et conflits potentiels autour des ressources en eaux.

Ainsi, la baisse des rendements agricoles, conjuguée à une très forte croissance démographique, exerceront une pression sans précèdent sur les ressources et économies africaines. Si le statu quo est maintenu, l’Afrique ne pourra subvenir qu’à 13% des besoins alimentaires de ses habitants en 2050…

La dégradation du niveau de vie des populations ne manquera pas d’engendrer d’importants flux migratoires – principalement à destination des grandes agglomérations. Ces mouvements massifs de populations seront accompagnés de leurs corollaires inévitables : chômage, violence, criminalité,… L’insécurité qui en résulte représente en outre un terreau propice à l’intolérance, et constitue un terrain de jeu rêvé pour les extrémistes de tous bords – un jeu dangereux qui continuera de faucher de nombreuses vies humaines lors de conflits entre ethnies, régions, voire entre Etats.

Face à ces cataclysmes annoncés, il est plus que jamais nécessaire d’élaborer une « Road Map 2050 », avec des mécanismes proactifs à même de réduire les impacts multidimensionnels du changement climatique. Ce qui nécessite des solutions pensées pour l’Afrique, par des Africains, et non l’importation en l’état de solutions qui, si elles ont fait leurs preuves sous d’autres cieux, peuvent néanmoins être inadaptées aux spécificités du Continent et de ses challenges spécifiques ;

C’est dans cette optique que l’Africa Security Forum 2019 propose durant 3 jours un espace de réflexion commune autour de ces problématiques qui, par le passé, ont toujours apporté leur lot de conflits armés et de tragédies humanitaires, conclut ledit communiqué.