La République démocratique du Congo aura des élections présidentielles en 2023. C’est une échéance très importante pour le pays qui a pu, à force de mobilisation populaire et politique en finir avec un régime autoritaire et instaurer une démocratie viable. Mais, il y a un mais, le débat sur la nationalité refait surface.

Comme pour toute chance électorale en Afrique, on ressort les grands débats. Certains sont légitimes, d’autres n’ont d’effet que la création des tensions qui peuvent avoir de lourdes conséquences sur la paix et la stabilité du pays.

C’est le cas de la loi sur la nationalité appelée loi sur la Congolité proposée par l’ancien candidat aux présidentielles de 2018, remportées par Félix Tshisekedi, Noël Tshiani Muadiamyita. Pour être éligibles aux hautes fonctions de l’Etat, « il faut être Congolais de père et de mère », propose-t-il.

La proposition a créé une vague de réactions dont celle du Président Félix Tchikesedi a été une des plus remarquables. « J’ai vécu longtemps à l’étranger, je connais ce problème. Nous avons milité de l’étranger avec des congolais qui ont d’autres nationalités mais qui sont congolais et se battent pour le Congo de la même manière que ceux qui sont au pays » a-t-il martelé en réaction à cette proposition de loi.

De son côté, la société civile crie à la discrimination: "La notion que veut promouvoir Noël Tshiani consacre une discrimination entre les citoyens, remet en cause les acquis d'une longue lutte citoyenne congolaise pour la démocratie, viole l'article 10 de la Constitution de la République, porte des germes des conflits politiques et intercommunautaires et met en péril la cohésion nationale...", plaide le Cadre de concertation nationale-Société civile (CCNSC-RDC).

Cette proposition en rappelle une autre qui a déjà fait pas mal de dégâts en Côte d’Ivoire lorsque des leaders politiques voulaient empêcher l’actuel président Alassan Ouattara de se présenter aux élections présidentielles. Les Ivoiriens sont passés outre et ont mis fin à un débat inutile et dangereux pour l’unité de la nation.

En RDC, la position ferme du président est suivie par plusieurs organisations et partis politiques.

La réaction du président du MLC, Jean-Pierre Belmba est claire et sans ambiguïté: « Les discours séparatistes, haineux, portent atteinte à la cohésion et l’unité nationale, et font reculer la paix, la stabilité. Des communautés Congolaises entières en paient déjà le lourd tribut des guerres et des foyers de tension qui les déchirent.», disait-il dans un communiqué.

Pour certains acteurs et analystes politiques, la proposition de Tshiani est anti-constitutionnelle. De fait, selon l’article de la Constitution, « la nationalité congolaise est soit d’origine, soit d’acquisition ». On parle de nationalité d’origine lorsque l’un des deux parents est Congolais.

L’argument de Tshiani ne résiste donc pas à l’examen constitutionnel. Résistera-t-il à l’examen de l’expérience? Selon lui « nous voulons nous assurer que nous n’allons pas permettre l’accès aux fonctions de souveraineté à des gens dont on n’est pas sûr de leur loyauté totale à l’égard de notre pays ». C’est donc une question de fidélité à la nation, mais est-on assuré de cette fidélité chez les responsables congolais de père et de mère congolais?

« Quel est l’apport d’un Congolais né de parents congolais dans la construction de la nation alors qu’il se permet de détourner la richesse nationale au profit de son ventre ? », questionnait Félix Tshisekedi dans une de ses interventions sur le sujet.

La proposition de loi de Noël Tshiani Muadiamyita a peu de chances de passer, ni même de franchir le seuil du palment de la République démocratique du Congo, certains pensent quelle est tout simplement ridicule, d’autres font l’éloges de Congolais de parents étrangers et qui int faut honneur à la RDC etc.

Il este encore à rappeler que l’Afrique qui a entrepris de grandes démarches pour son unité, avec la zone de libre échange et le passeport africain, entre autres, ne peut rester prisonnière de questions aussi inutiles et préjudiciables que celle de la nationalité.

Hakim Arif