Par Paul Valéry 

 

Le rôle stratégique des Émirats arabes unis dans la région, si sensible, de la péninsule arabique s’est encore une fois illustré à travers le drame afghan.

Puissant allié notamment de la France, les Émirats arabes unis ont été l’unique issue de secours pour l’Élysée pour le rapatriement des Français qui étaient en poste en Afghanistan et leurs collaborateurs locaux.

Aux dernières nouvelles, rien que pour la journée du mercredi 26 août, près de 300 personnes, Français et Afghans pour la plupart, ont pu rentrer à Paris. Depuis la mise en place du pont aérien français entre Kaboul et Paris, via la base d'Al-Dhafra aux Émirats arabes unis, plus d’une dizaine de vols militaires ont pu être effectués depuis Abou Dhabi. Grâce à l’appui émirati, la France, a déjà évacué jusqu’au mercredi 2.500 personnes d'Afghanistan, selon le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal. D’autres vols étaient encore prévus pour d’autres opérations de rapatriement. Le but est d’intensifier les rapatriements, surtout après l’attentat perpétré jeudi 26 août près de l’aéroport de Kaboul.

Par ailleurs, en prenant en considération le risque encouru, les Émirats arabes unis ont accueilli sur leur territoire, « pour des considérations humanitaires », le président afghan Ashraf Ghani et sa famille, partis d’Afghanistan lors de l’arrivée des insurgés à Kaboul. Ils ont accueilli également des centaines d’Afghan fuyant les Talibans. Selon nos informations, nombreux sont les réfugiés qui ont embarqué des avions émiratis en étant armés. Les autorités émiraties et leurs homologues françaises travaillent de concert pour éviter tout danger lié à cette situation.

C’est connu, les Émirats arabes unis assument pleinement leur rôle de pacificateur dans une région réputée par la perpétuelle tension qui la caractérise. Même avec l’Iran, les Émiratis, contrairement aux Saoudiens, ont fait évoluer la position de leur pays envers le pays des Mollahs. Cette évolution s’illustre non seulement par la présence sur le sol des Émirats de milliers de travailleurs iraniens, mais aussi par la politique d’ouverture qu’entreprennent les autorités émiraties envers l’Iran avec comme principal souci le maintien de la paix. Ce choix rejoint celui de l’Élysée qui s’est démarqué par rapport à l’intransigeance américaine contre les autorités iraniennes.

Coopération durable et multiforme

Les opérations de sauvetage franco-émiraties s’inscrivent dans la continuité de la coopération stratégique, liant les Émirats arabes unis et la France. Pour rappel, un accord de coopération militaire et d'armement a été scellé entre les deux pays le du 10 septembre 1991, faisant suite à un accord datant de 1977. C’est ainsi que les relations bilatérales de défense ont été redéfinies et ont très vite donné lieu à des échanges de visites et à des manœuvres communes interarmées.

«Que seraient aujourd’hui les Émirats sans le leadership de Mohammed Ben Zayed ?», se demandait l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, en marge de sa visite dans ce pays en 2009. Comme ses prédécesseurs ainsi que son successeur, Sarkozy a misé sur les Émirats arabes unis qui demeurent l’allié incontournable des grandes puissances dans le Golfe.

Au-delà de la coopération militaire et économique, les Émiratis ont œuvré au renforcement du partenariat culturel avec l’Hexagone. C’est dans cet esprit qu’a été créée, en 2006, «Sorbonne Université Abu Dhabi»

En partie francophone, cette université est le fruit d’un accord de coopération internationale entre Sorbonne Université et le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de l'émirat d'Abou Dhabi. Elle incarne la volonté des autorités émiraties d’ouvrir leur pays en en faisant le pôle régional d’excellence du savoir et de la culture.