Rendue à sa famille, la dent du héros congolais assassiné a fait les gros titres de la presse. Entre émotion et réminiscence, le geste des autorités belges, lundi dernier, était symbolique. Mais quid de ses réelles retombées ?

Septembre 1960. Cela fait un mois que la République du Congo est plongée dans un chaos méticuleusement orchestré. Héros de la résistance et désormais Premier ministre, Patrice Lumumba doit faire face à une sécession du Katanga sous l´impulsion de Moise Tshombé. Ce dernier est soutenu par la Belgique. Prévisible...

La province est très riche en minerais et une nationalisation de ceux-ci porterait un sérieux coup à l´économie des puissances occidentales. La suite on la connaît. La dépouille du résistant ne fut jamais retrouvée, rendant tout rituel d´inhumation impossible pour les siens (...).

Excuses, regrets et diplomatie

Ce lundi 20 juin, soit 61 ans après, la dent ayant appartenu à feu Patrice Lumumba a été remise à sa famille ; lors d´une cérémonie intimiste tenue à Bruxelles en présence des autorités des deux pays. Pour rappel, la relique avait été conservée par un officier de police belge impliqué dans la disparition de l´homme politique.  A sa mort, sa fille en était devenue la dépositaire.

Il aura fallu moult interventions du clan, pour que sa restitution ait finalement lieu au Palais d´Egmont. Suite à l´allocution du Procureur fédéral Frédéric Van Leeuw, l´un des fils de l´ancien dirigeant a récupéré (sans un mot) la dent (en or) de son père dans un coffret (bleu). 

Un silence qui en disait beaucoup et des précisions journalistiques qui ont accentué l´intensité du moment.

Une page qui se tourne ? Une victoire judiciaire après un long combat familial ? Ou un moyen de gagner du temps avant la prise des vraies décisions gouvernementales ?  Les questions sont nombreuses quant à cette RDC, qui en six décennies, n´a jamais connu la paix. Et qui ne la connaîtra pas, tant que les intérêts économiques primeront sur l´humain.

Il est à mentionner toutefois qu´une commission parlementaire belge, ayant pour objet la rédaction d´un rapport sur le passé colonial du Royaume, doit rendre sa copie d´ici décembre. Le document détaillera les responsabilités de l´Etat, de l´Eglise et aussi des sociétés de 1908 à 1960. Très attendue, la procédure pourrait, en sus des excuses, donner lieu à des dédommagements. Espérons que cela motive les autres à en faire de même…