Démonstrations virulentes, discours fielleux, polémiques, arrestations (…) la question de l’homosexualité divise également au pays de la Téranga. Pourquoi dans le fond ?

En fin février dernier une manifestation, rassemblant des milliers de gens dans les rues de Dakar, réclamait un durcissement pénal à l’encontre de la communauté LGBT. Refusant de céder à la pression, le parlement a maintenu un statut quo de la législation. Cette dernière prévoyait déjà « l’emprisonnement d’un à cinq ans et une amende de 100.000 à 1500.000 FCFA, pour toute personne entretenant des actes contre nature avec un individu de son sexe ».

Hérité de la colonisation (Ordonnance du Maréchal Pétain de juin 1942), le texte a longtemps existé sans recevoir application. Les goor-djiguène mot wolof à traduire par « hommes-femmes » n’étaient pas des parias à l’origine. Acceptés et même sollicités lors de cérémonies traditionnelles, ils étaient culturellement tolérés.

C’est à partir des années 80, qu’un changement des mentalités a commencé à se faire sentir. La période a coïncidé avec la découverte du VIH, médiatisé au début comme une maladie spécifique aux communautés homosexuelles. Leur stigmatisation a alors pris place et s’est accompagnée de discours virulents de la part des conservateurs religieux. De là, le phénomène est allé crescendo. Rendus responsables de nombreux fléaux sociaux, ils ont cristallisé l’animosité et le dégoût.

Agressions, lynchages, profanations de sépultures (…), les faits divers régulièrement reportés par les médias, montrent aujourd’hui une tendance homophobe. Est-elle majoritaire ? Difficile à dire, cependant on ne peut nier l’existence d’un noyau dur, bien décidé à lutter contre les minorités sexuelles.

Le cas du Sénégal n’est pas isolé. D’autres pays africains, font état des mêmes réactions au sein de leurs populations, voire même de leurs gouvernements. Au temps où il était au pouvoir, Yahya Jammeh avait menacé de décapiter tous les homosexuels surpris en flagrant délit sur le sol gambien.  Selon une enquête, ils sont 28 Etats subsahariens à criminaliser la chose et à la rendre passible soit d’une longue peine de prison, soit carrément de la peine de mort.

Si des ONG se dévouent de nos jours pour la protection de leurs droits, beaucoup de citoyens se disent contre et souhaiteraient que des mesures plus drastiques soient prises. La montée des extrémismes (politique et religieux) n’est pas pour calmer le jeu…