Les Européens font semblant d’être étonnés de découvrir des pratiques frauduleuses au sein de leurs institutions. Voici une affaire, cachée sous le tapis que révèle un d'affaires africain vivant à Londres et qui tend à démontrer que la corruption est endémique dans l’Union européenne.

Abshir Aden Ferro est le patron de Fort Roche Ltd dont le siège est à Londres et d’Abshir Advisers qui est localisée à Mogadiscio, la capitale de la Somalie. Il s’était présenté puis retiré des élections présidentielles en 2021 et compte se représenter en 2026.

Abshir Advisors, a été sollicitée pour constituer un consortium, raconte Abshir Aden Ferro à notre confrère Financial Afric. La société répondait alors à un appel d’offre de l’Union européenne d’un montant de 98 950 278 € HT pour la construction d’un compound sécurisé dans la zone aéroportuaire de Mogadiscio. Jusque là tout va bien.

Cependant, le soumissionnaire a été informé que celui qui remporterait le marché devrait s’acquitter d’une rétro-commission. En clair, il faut huiler les rouages pour gagner l’appel d’offres. « Dès que j’ai su que des rétro-commissions à hauteur de 2% seraient payées sur ce contrat - qui a bel et bien été attribué et signé par l’Union européenne en décembre 2015-, je me suis retiré du projet », explique Abshir Aden Ferro qui a porté plainte contre ces pratiques sans succès puisque l’affaire n’a jamais été jugée en Europe.

Il y a bien eu un jugement en faveur de la société du tribunal somalien, suite à quoi l’affaire a été portée devant l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) et le tribunal de commerce de Paris.

Comme rien ne semblait bouger de ce côté, et comme l’OLAF refuse de communiquer ses conclusions, la société a décidé de porter l’affaire auprès d’un juge belge « réputé pour son dynamisme sur les cas avérés de corruption ».

La question des retro-commissions n’est pas le seul problème de l’appel d’offres dénoncé par Abshir Aden Ferro, il y en d’autres dont particulièrement celui-ci qui l’irrite le plus et c’est un passage de l’appel d’offres: «le contractant ne doit pas employer de ressortissants somaliens ou du personnel d’origine somalienne pour la fourniture des services sur place, sauf pour la phase de construction ». Abshir commente: « C’est-à-dire que mes parents qui se sont battus pour sauver l’Europe du nazisme et leurs descendants sont, aujourd’hui, empêchés de travailler sur ce compound ! ».

Pour l’entrepreneur, les ingrédients d’un nouveau « Somaligate sont bien rassemblés et si on en croit les sommes énormes engagées sur le papier depuis une dizaine d’année et qu’on les compare avec les faibles résultats obtenus sur le terrain, « il ne serait pas étonnant qu’une vaste opération de blanchiment de l’argent de la coopération européenne se cache en Somalie ! En tous cas, cela mérite une enquête sérieuse ».

La question est donc de savoir pourquoi ce cas de corruption avérée n’a-t-il pas été repris par les médias européens? Pourquoi l’OLAF traîne-t-il les pieds? Pourquoi le tribunal de Paris ne réagit-il pas?

Hakim Arif