35 ans après son assassinat, le leader burkinabé a été réinhumé avec ses douze compagnons d’infortune au Conseil de l’Entente à Ouagadougou. Indignée, sa famille pointe du doigt cet énième outrage.

Pour Blandine Sankara, la sœur de l’homme d’Etat, il s’agit d’une douleur, ni plus ni moins. « Enfermer les âmes de nos défunts sur les lieux où ils sont tombés, c’est nous obliger à marcher dans le sang de nos proches pour notre recueillement ». Des mots qui prennent tout leur sens, quand on sait que c’est justement au Conseil de l’Entente que feu Thomas Sankara a été tué avec ses alliés.

Requis par l’actuel Président de transition du Burkina Faso, le transfert des 13 dépouilles dans le lieu de la tragédie a fait un tollé au sein du clan Sankara, mais aussi dans les familles des autres victimes. En signe de contestation, son épouse, ses deux enfants et sa sœur ont décidé de ne pas se rendre à la cérémonie, assimilant celle-ci à une grotesque mascarade.

« C’est un fonds de commerce. Il y a aujourd’hui comme de la récupération du nom, de la mémoire de thomas » a affirmé Blandine Sankara, arguant que les autorités tentaient à présent de diviser les vivants sur le lieu de repos du héros national et de ses camarades.

Les familles avaient pourtant demandé que les inhumations soient faites ailleurs, lorsqu’en fin 2022 le Chef de la Junte Ibrahim Traoré avait fait part de ses intentions. Leurs doléances étaient restées lettre morte, laissant des centaines de personnes dans une frustration totale.