Appliquée depuis des siècles dans le pays, l’excision des femmes marque le passage à l’âge adulte. Se déroulant lors de rituels festifs, elle est considérée comme un moyen de protéger l’honneur des jeunes filles avant le mariage.

« Ma fiancée a subi cet outrage et elle en est morte ». Réalisateur, Tyson Conteh fait partie de ceux qui se battent afin d’éradiquer le fléau. Ayant dénoncé la chose dans le cadre d’un film intitulé « Pour l’amour de Fatmata », cet homme meurtri a choisi d’aller en guerre contre les traditions.

Opérée à la diable lors d’un séjour au sein de son village, Fatmata est décédée d’une septicémie 6h après. Mis au courant à la dernière minute, celui qu’elle devait épouser a intenté des poursuites à l’encontre de la mère de la victime et de celle qui avait réalisé la procédure. « Les deux ont été relâchées peu de temps après, car un médecin très connu de la place et notre ancienne ministre des affaires sociales ont déclaré que la mort de Fatmata n’était pas liée à son excision ».

En 2015 les mutilations génitales ont été prohibées pour les moins de 18 ans, mais la publication du texte légal n’a pas réussi à changer les mentalités. « Lorsqu’une femme n’est pas excisée, elle est plus portée sur la sexualité qu’une autre et ce n’est pas bon. Il faut tuer l’envie chez elle très tôt de sorte à ce qu’elle soit uniquement concentrée sur son rôle de génitrice » interrogée dans le cadre du reportage, Aminata Sanko, exciseuse professionnelle s’est ouverte devant les caméras de la BBC, convaincue de son bon droit. A ce jour aucun individu n’a tenté de lui prouver le contraire.

Protégé par des personnes influentes en Sierra Léone, ce corps de métier n’a pas eu à se faire de soucis. La tradition a la peau dure ! « Cela doit cesser. Je trouve honteux de défendre pareille chose juste pour gagner en popularité. Nous devons penser à toutes ces innocentes livrées à des criminels » insiste Tyson Konteh. Malgré les pressions, l’activiste ne baisse pas les bras. Ces filles torturées par milliers, handicapées à vie et dont certaines finissent par succomber à leurs blessures sont désormais son unique combat.