L’opposition sud-africaine a critiqué, samedi, un rapport exonérant le Président Cyril Ramaphosa des accusations criminelles portées contre lui au sujet de la dissimulation présumée d’un vol d’importantes sommes en devise perpétré en 2020 dans sa ferme "Phala Phala", dans la province du Limpopo.

Le président du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), John Steenhuisen, a déclaré que le rapport présenté par la Médiatrice de la République, Kholeka Gcaleka, a visiblement mal interprété la loi.

"La DA travaillera sans relâche pour s'assurer que nos institutions démocratiques soient débarrassées de toute influence politique afin de garantir que les principes et l'esprit de la loi soient toujours respectés", a-t-il ajouté.

Il a rappelé également que, plus tôt cette année, un panel parlementaire indépendant avait conclu que le chef de l'État assumait clairement une responsabilité dans cette affaire.

Pour sa part, le parti des Combattants de la liberté économique (EFF) a souligné dans un communiqué que Mme Gcaleka a avancé des arguments "faux et irrationnels" dans une tentative de blanchir M. Ramaphosa de sa responsabilité dans les transactions financières ayant eu lieu dans sa ferme.

Il a rappelé également que la Banque de réserve sud-africaine (SARB) a affirmé n’avoir aucune trace de la déclaration de la somme en devise volée dans sa ferme, qui était entrée en Afrique du Sud sous le prétexte de vente de gibier.

Même son de cloche chez le chef du Mouvement de transformation africaine (ATM), Vuyolwethu Zungula, qui a confirmé que son parti envisage de saisir la justice "dans le but d'examiner ce rapport du Protecteur du public et de le faire annuler".

Sandile Swana, analyste politique, a relevé à cet égard qu'une contestation par les partis d'opposition devant les tribunaux déterminera si Mme Gcaleka a mené une enquête approfondie avant de parvenir à ses conclusions dans le rapport Phala Phala.

Soulignant que le rapport soulève de nombreuses interrogations, il a noté que le contenu du document laisse les Sud-africains sur leur faim, se demandant si l'enquête a été menée correctement.

En juin 2022, l'ancien directeur général de l'Agence de sécurité de l'État (SSA), Arthur Fraser, a déposé une plainte pénale contre M. Ramaphosa, l'accusant d'avoir enfreint la loi sur la prévention du crime organisé en ne signalant pas le vol de près de 600.000 dollars dans sa ferme à gibier. Il l'a également accusé d'avoir organisé l'enlèvement et l'interrogatoire des voleurs, puis de les avoir soudoyés pour qu'ils gardent le silence.

Cette affaire a failli couter au chef de l’État son poste à la tête du pays, échappant de justesse à la destitution grâce à la mobilisation des députés de son parti, majoritaires au Parlement, qui ont fait bloc derrière lui en rejetant, lors d’un vote à l’Assemblée nationale, un rapport d'une commission indépendante qui l'avait inculpé.