La courbe des rendements des obligations sud-africaines se pontifie à mesure que les risques budgétaires augmentent, ce qui exacerbe les inquiétudes des investisseurs concernant les faibles perspectives économiques de l'Afrique du Sud, ont indiqué lundi des experts économiques.

Avec de graves coupures d'électricité qui érodent la croissance économique, une hausse des salaires des fonctionnaires plus élevée que prévu et des recettes fiscales qui n'atteignent pas les objectifs fixés, les investisseurs obligataires craignent que le Trésor national ne doive augmenter ses émissions à un moment où les rendements mondiaux augmentent, ce qui détournerait les capitaux vers les marchés des pays émergents.

Des analystes de Bloomberg estiment que cela pèse sur la dette à long terme du pays, sachant que l'écart entre les obligations arrivant à échéance en 2026 et 2044 s'est élargi d'environ 65 points de base cette année pour atteindre 345 points de base, alors que les rendements des titres à plus long terme ont grimpé en flèche.

"Les obligations situées à l'extrémité longue de la courbe peinent à susciter une demande depuis un certain temps déjà, ce qui n'est pas surprenant étant donné la croissance et les risques budgétaires de l'Afrique du Sud", ont déclaré des analystes de la Rand Merchant Bank dans un rapport.

Ils relèvent que jusqu'à ce qu'il y ait une amélioration significative sur ces fronts, le Trésor national continuera à avoir du mal à vendre aux enchères des obligations de longue durée. Les dynamiques externes qui éloignent les capitaux des pays émergents exercent actuellement une pression supplémentaire sur la demande, font-ils observer.

Les experts notent également que les obligations locales ont sous-performé presque toutes cette année, infligeant aux investisseurs des pertes de 7,2 % en dollars.

Tout ajustement des émissions serait probablement annoncé lors de la présentation en octobre prochain du budget à moyen terme du ministre des Finances, Enoch Godongwana, estiment-ils encore.

Les économistes prévoient un déficit de recettes fiscales de 55 milliards de rands pour cet exercice, ainsi qu'un dépassement des dépenses d'environ 20 milliards de rands.

Le ministre Godongwana a lui-même reconnu récemment que la situation budgétaire de l’Afrique du Sud est «délicate».