Après la décision du Ministère français des affaires étrangères de cesser toute coopération culturelle avec ces trois pays, les concernés montent au créneau des deux côtés du globe.

 

Mêlés malgré eux à un conflit politique, les artistes africains prennent la parole au même titre que leurs homologues français pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une réaction arbitraire. Rien ne va plus entre la France et les trois Etats d’Afrique de l’Ouest, mais l’Art qu’a-t-il fait ? Après un communiqué des Directions générales des affaires culturelles françaises réclamant l’arrêt de « tout projet de coopération avec les ressortissants de ces trois pays », les protagonistes n’ont pas caché leur consternation face à une culture sacrifiée sur l’autel d’un conflit diplomatique.

« C’est franchement absurde et nul de pénaliser les artistes. Que les politiques s’occupent de politique et qu’ils nous laissent nous autres travailler main dans la main comme nous l’avons toujours fait. C’est l’art qui va sauver le monde et nous ne pouvons qu’être contre ce genre de débordements » s’est exprimé Alphadi.

Le créateur de mode nigérien, en pleine préparation d’une caravane pour la paix prévue ce 22 novembre à Paris dans l’enceinte de la Maison de l’Afrique, aspire à un retour à la normale. Même son de cloche à Bamako, où la chanteuse Déné Issébéré laisse transparaître son inquiétude. « Je ne sais pas quoi croire, puisque certains articles de presse ont démenti la chose. Si la France a vraiment l’intention d’interdire la collaboration avec ces artistes, je trouverais cela très injuste. L’art doit être épargné par les problèmes politiques. C’est une forme de communication qui sert à ouvrir les esprits et à favoriser les échanges entre les peuples. Si les gens ne sont plus en mesure de se déplacer, peut-on parler d’ouvertures et d’échanges ? ».

Chaque année la scène culturelle française fait appel à des centaines de musiciens, danseurs et plasticiens africains, dont beaucoup proviennent de l’Ouest du continent. Si l’interdiction ne concerne à ce jour que les évènements subventionnés par l’Etat français, il est légitime de se poser des questions sur la variété des programmations à venir. « Ces talents sont un atout important dans les échanges Nord-Sud et réduire leurs prestations de la sorte n’a pas de sens. Il faut garder une certaine mesure… » insiste la chanteuse.

Conscient des conséquences d’une telle décision, le Quai d’Orsay a tenté de « minimiser la portée de la mesure » pour citer Le Monde, mais à quoi ? Le mal n’a-t-il pas déjà été fait ?