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Economie

Paul.T.Njukang: "La ZLECAf, une voie prometteuse pour la souveraineté économique africaine."

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20/11/2023 à 14:34 , Mis à jour le 20/11/2023
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Défis de la souveraineté économique, intégration régionale, ZLECAF, coopération bilatérale avec le Maroc… Le ministre délégué auprès du ministre de l'économie, de la planification et de l'aménagement du territoire, chargé de la planification au Cameroun, Paul Tasong Njukang livre sa vision.

L’Observateur du Maroc et d’Afrique : Quels sont les principaux obstacles auxquels les pays africains, dont le Cameroun, sont confrontés dans l'exercice de leur souveraineté économique ?

Paul Tasong Njukang : La souveraineté économique africaine constitue aujourd'hui une question essentielle, non seulement pour l'Afrique, mais surtout pour l'avenir du continent et de ses habitants. Il est primordial que les pays africains puissent exercer un contrôle total sur les leviers nécessaires pour prendre d'importantes décisions économiques, favorisant ainsi le développement des divers secteurs et l'amélioration des conditions de vie de leurs citoyens.

Malheureusement, toutes les conditions ne sont pas réunies pour que ces pays puissent prendre ces décisions en toute souveraineté. Cette observation s'appuie sur le constat que bien que le continent africain regorge de ressources naturelles, il est souvent absent lors de la fixation des prix de ces ressources. Prenez le cas du Cameroun, un grand producteur de cacao. Bien qu'il contribue significativement à la production mondiale de cacao, les cultivateurs africains ne bénéficient que de 6 % des revenus générés par la chaîne de valeur du cacao.

 

Cette disparité soulève la question du pouvoir réel des pays africains dans la fixation des prix de leurs ressources naturelles, un enjeu crucial pour le développement. L'accès au financement, notamment contrôlé par certains cartels, représente l'un des obstacles majeurs. Par exemple, bien que le Cameroun dispose de ressources minières telles que la bauxite, il peut être difficile pour le pays de décider souverainement de les exploiter. Les décisions liées à ces ressources sont souvent entre les mains de ceux qui contrôlent les ressources financières, retardant ainsi le potentiel de développement du Cameroun. Et c’est le cas dans la plupart des pays du continent.

Malheureusement, toutes les conditions ne sont pas réunies pour que les pays africains puissent prendre des décisions économiques en toute souveraineté.

Comment les pays africains pourraient relever ces défis qui entravent leur développement économique ?

Ce défi se résume essentiellement à un défi financier. La question majeure qui se pose pour le Cameroun, ainsi que pour les autres pays africains, est de savoir s'ils peuvent disposer de suffisamment de ressources financières pour faire face à cette problématique. Surmonter ce défi est possible, mais cela requiert une approche collective. Par exemple, les ressources dont le Cameroun dispose peuvent non seulement bénéficier à son propre développement mais également à l'ensemble des pays africains. En ce sens, la clé pour surmonter ces obstacles réside dans la collaboration entre les pays africains, notamment à travers la mise en œuvre effective de la ZLECAf, qui constitue une plateforme propice à la résolution des défis économiques communs.

Quels sont, selon vous, les principaux obstacles à surmonter pour garantir le succès de la ZLECAf ?

La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) apparaît comme une voie de sortie prometteuse pour relever ce défi de souveraineté économique africaine. Cependant, pour y parvenir, il est impératif que les souverains africains acceptent de faire tomber les barrières, non seulement tarifaires mais aussi, et surtout, celles liées à la libre circulation des personnes, des capitaux, des biens, et des services à l'intérieur du continent. La question cruciale de la libre circulation engendre des défis, notamment en termes d'acceptation et d'efficacité des politiques tarifaires. Les pays africains doivent aussi permettre la libre circulation des africains entre eux. Cette ouverture encouragera les investisseurs, qui, ayant la facilité de se déplacer là où ils ont des opportunités, contribueront activement au développement économique.

Quel états des lieux des relations économiques bilatérales entre le Maroc et le Cameroun ? Et comment envisagez-vous renforcer cette coopération dans l'avenir ?

Le Cameroun et le Maroc entretiennent une coopération active, profondément enracinée dans leur histoire. Jusqu'à présent, cette collaboration s'est principalement manifestée sous un aspect commercial. Il est impératif d'intensifier cette coopération afin de permettre au Maroc, avec son avantage en termes d'industrialisation, de partager son expertise et de contribuer de manière significative à l'investissement au Cameroun. Cette collaboration devrait évoluer vers une exploitation mutuellement bénéfique du potentiel camerounais et marocain.

Le Maroc peut mettre à profit son avance pour investir au Cameroun.

Le Maroc peut mettre à profit son avance pour investir au Cameroun. Cette collaboration pourrait englober divers secteurs, tirant parti des avantages comparatifs respectifs de chaque pays. Il est envisageable d'échanger des connaissances et des ressources dans des domaines où chaque partie a une certaine expertise, favorisant ainsi une collaboration fructueuse.

Quelles sont ces démarches spécifiques qui devraient être entreprises, d’après vous, pour concrétiser la coopération économique entre les deux pays ?

A mon avis, un certain nombre de démarches préalables doivent être entreprises. Il est nécessaire de mettre en place des conventions de protection mutuelle des investissements. De plus, il est essentiel d'établir des cadres de coopération en matière fiscale et douanière, permettant ainsi aux investisseurs, aussi bien du côté du Cameroun que du côté du Maroc, de se déployer de manière fluide et efficace. Ces mesures préliminaires sont indispensables pour créer un environnement propice à une coopération économique fructueuse entre les deux pays.

Aussi, la ZLECAf se présente aujourd’hui comme une opportunité significative. Elle peut servir de catalyseur pour renforcer la coopération bilatérale. Cette zone offre un cadre propice à l'échange dans divers domaines où chaque pays peut avoir une influence positive sur l'autre. Cette perspective optimiste renforce l'idée que, grâce à une coopération approfondie et à l'utilisation efficace de la ZLECAf, le potentiel mutuel des deux nations peut être pleinement exploité.