Dans les cercles politiques ivoiriens, nul n’est vraiment surpris. Jean-Louis Billon, ancien ministre du commerce et dirigeant de Sifca, le premier groupe privé de Côte d'Ivoire, a officiellement annoncé sa candidature à l'élection présidentielle de 2025. Il lui reste toutefois une étape décisive à franchir.

Lors d'un rassemblement à Dabakala, sa ville d'origine, Jean-Louis Billon, 59 ans, a annoncé sa candidature à la présidentielle ivoirienne. Ce faisant, il a confié qu’il s’agissait d’un ambition politique qu’il portait depuis plus de quinze ans. « Je me présente pour gagner. En 2025, la Côte d'Ivoire a rendez-vous avec son destin, et j’y serai », a-t-il lancé, confiant. 

Billon considère le scrutin comme un « tournant décisif » pour son parti, le PDCI-RDA, et souligne la nécessité d'être « à la hauteur de ce rendez-vous historique ».

Le nouveau candidat déclaré devra cependant convaincre les militants du PDCI lors d'une convention dont la date n'est pas encore fixée, où il sera en compétition avec Tidjane Thiam. Ce dernier préside le PDCI et a été déjà désigné comme candidat du parti lors d'un congrès en décembre 2023. Bien que Billon ait ses partisans, Thiam part avec un avantage significatif, ayant été élu à la tête du parti après que Billon n’ait pas présenté sa candidature à ce scrutin.

Des sources au sein du PDCI reconnaissent que des tensions existent, et que certains cadres pourraient soutenir Billon, notamment ceux mécontents de Thiam. Toutefois, la majorité semble actuellement favoriser le président en place. 

Billon entretient des relations positives avec des personnalités politiques clés, comme le président Alassane Ouattara et l’opposant Laurent Gbagbo, ayant même été présent à l'aéroport pour accueillir Gbagbo lors de son retour en 2021.

En plus de sa carrière politique, Billon est un homme d'affaires prospère. Il a dirigé Sifca de 2001 à 2012 et a occupé des fonctions électives locales, y compris celle de maire de Dabakala depuis 2001 et président du conseil régional du Hambol depuis 2013. Son parcours politique a été marqué par une suspension en 2017, après avoir critiqué la direction du Rassemblement des républicains (RDR), le parti du président Ouattara.

Il se positionne maintenant comme un critique de la gouvernance actuelle du PDCI, dénonçant ce qu'il perçoit comme une « inertie » dans la direction du parti. Malgré ses critiques, il affirme qu'il n’a pas de problèmes personnels avec Thiam, mais qu'il estime que ce dernier manque d'expérience pour diriger efficacement le parti.

Billon a également été soutenu par l'ancien président Henri Konan Bédié, qui l'avait précédemment incité à se retirer de la course présidentielle de 2020 pour permettre à Bédié lui-même de concourir. Bien qu'il n'ait pas pris part aux élections internes du PDCI en décembre, Billon soutient que sa stratégie vise à distinguer la présidence du parti de la candidature présidentielle, souhaitant moderniser le fonctionnement du PDCI.

Il reste néanmoins vigilant quant à la manière dont la convention sera organisée, menaçant de revoir sa position sur une candidature indépendante si le processus est perçu comme irrégulier. 

Billon prévient que toute pratique inappropriée pourrait avoir des conséquences négatives pour le parti, soulignant ainsi la nécessité de transparence et d'intégrité dans le processus électoral.