Confronté à une concentration marquée autour de quelques pays, le secteur africain des assurances laisse présager un potentiel de croissance inexploité pour la majeure partie du continent.

Le secteur des assurances en Afrique en 2023 révèle une réalité marquée par une forte concentration géographique. D’après le rapport annuel de l’Organisation Africaine des Assurances (OAA), le chiffre d’affaires total du marché s’établit à 63,5 milliards de dollars américains, en recul de 5,6 % par rapport aux 67,3 milliards enregistrés en 2022. Ce marché reste dominé par quatre pays - l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte, et le Kenya - qui monopolisent près de 85 % du total des primes souscrites sur le continent. Une structure qui questionne la diversification et la compétitivité dans ce secteur stratégique.

Le marché des assurances en Afrique est largement dominé par l’Afrique du Sud, qui représente à elle seule un chiffre d’affaires de 43,3 milliards de dollars, soit 68,2 % des primes souscrites en 2023. Ce poids écrasant place le pays loin devant ses voisins, illustrant une inégalité marquée dans le développement du secteur sur le continent. L’Afrique du Sud se distingue notamment par une forte demande en assurance vie, la branche prédominante qui compose 67,6 % du marché africain des assurances contre 32,4 % pour l’assurance non-vie. La part de marché sud-africaine dans les primes vie atteint ainsi des niveaux record, témoignant d’un secteur mature et solidement implanté.

Le Maroc suit en deuxième position, avec une part de marché de 8,7 %, soit environ 2,5 milliards de dollars de primes pour la branche vie. Viennent ensuite l’Égypte, avec 1,2 milliard, et le Kenya, avec 1,1 milliard de dollars, fermant le groupe des quatre leaders. Ces quatre nations concentrent presque 85 % des primes du continent, accentuant une dynamique où l'essentiel du volume d’affaires reste confiné à quelques pays.

Les neuf premiers marchés africains — Afrique du Sud, Maroc, Égypte, Kenya, Nigéria, Algérie, Tunisie, Namibie, et Côte d'Ivoire — captent ensemble 93,3 % du chiffre d'affaires global des assurances en Afrique. Ces chiffres illustrent une fragmentation de la demande au sein du reste des pays africains, où le marché de l’assurance reste encore peu développé ou dominé par des offres locales restreintes. En dehors de ces quelques pôles, le secteur fait face à des défis majeurs d’infrastructures, d’accès aux services financiers, et de sensibilisation, limitant la pénétration de l’assurance au sein des populations.

Le rapport de l’OAA indique que la pénétration de l’assurance vie sur le continent s’établit à 2,4 % en 2023, un taux encore inférieur à la moyenne mondiale de 2,9 %. En termes de primes vie, la moyenne par habitant reste faible, à environ 31 dollars, traduisant un potentiel de croissance significatif mais encore largement sous-exploité. À l’échelle mondiale, les marchés émergents affichent des taux de pénétration de l’assurance vie autour de 1,7 %, un taux que l’Afrique dépasse, même si l’écart avec les régions plus développées demeure important.

Les perspectives économiques positives et la progression d’une classe moyenne africaine devraient contribuer à combler ce fossé dans les années à venir, soutenant une demande accrue pour les produits d’assurance vie. En effet, avec la hausse des revenus et l’amélioration de l'accès aux services financiers, les assureurs pourraient voir un élargissement de leur clientèle et des opportunités de croissance accrue.

L’assurance non-vie en mode survie

Dans le segment non-vie, également appelé assurance de dommages, les performances sont plus modestes. En 2023, les primes non-vie, ajustées en fonction de l’inflation, se sont élevées à 20,59 milliards de dollars, marquant une baisse de 3,2 % par rapport à l’année précédente. Ce segment représente seulement 0,5 % des primes d’assurance non-vie émises dans le monde, un chiffre révélateur de la difficulté pour les assureurs africains à imposer cette catégorie d’assurance dans des économies en développement.

Le taux de pénétration de l’assurance non-vie reste faible, à 1,1 %, tandis que la prime moyenne par habitant atteint à peine 15,15 dollars. Ce marché est également dominé par l’Afrique du Sud, qui génère 8,5 milliards de dollars de primes non-vie, suivi du Maroc avec 2,9 milliards, puis le Kenya et l’Égypte avec respectivement 1,34 milliard et 1,30 milliard de dollars. Malgré ce contexte difficile, le rapport de l’OAA anticipe un essor pour ce segment dans les prochaines années, sous l’effet de la croissance économique, d’une urbanisation rapide, et d’un développement des infrastructures qui pourraient stimuler la demande en assurance non-vie.