Malgré une baisse récente des prix liée à un marché excédentaire, l’avenir du lithium semble prometteur. La production africaine pourrait quintupler d’ici 2030, représentant une hausse de 400 %.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport concernant le World Energy Outlook 2024, l’avenir du lithium en Afrique dépendra de la concrétisation de projets miniers majeurs, notamment au Zimbabwe et au Nigeria.
L’AIE estime que la production de lithium en Afrique atteindra 53 000 tonnes en 2030 dans un scénario de base, avec un pic potentiel de 70 000 tonnes dans les projections les plus optimistes. Actuellement dominée par le Zimbabwe, où environ 9 000 tonnes de lithium sont exportées chaque année sous forme de concentrés de minerais de roche dure, l’industrie pourrait voir émerger d’autres acteurs majeurs. Des projets prometteurs sont signalés au Nigeria, en Éthiopie, au Mali, en Namibie, ainsi qu’en République démocratique du Congo et au Ghana.
Cependant, malgré un intérêt croissant, l’exploitation industrielle du lithium reste balbutiante sur le continent. Si le Zimbabwe s’impose pour l’instant comme le seul producteur industriel, des retards ont été enregistrés dans de nombreux projets ailleurs en Afrique. La base de données d’Ecofin Pro indique que des avancées ont été réalisées dans des pays comme le Mali ou le Ghana, mais leur contribution reste encore hypothétique à ce stade.
La trajectoire des prix du lithium illustre les défis liés à cet essor. En 2022, le boom des prix avait vu le carbonate et l’hydroxyde de lithium atteindre des sommets à plus de 70 000 dollars la tonne, soutenus par une forte demande mondiale anticipée. Cependant, cette dynamique s’est inversée en 2024, avec des prix chutant à environ 11 000 dollars la tonne, conséquence d’une production mondiale excédentaire (194 000 tonnes contre une demande de 165 000 tonnes).
Malgré cette volatilité, les perspectives à moyen terme demeurent favorables. La transition énergétique devrait stimuler la demande de lithium, notamment pour les batteries utilisées dans les énergies propres. L’AIE prévoit une consommation mondiale de 616 000 tonnes en 2030, soit une augmentation spectaculaire par rapport aux 92 000 tonnes consommées en 2023. Cette montée en flèche, couplée à des prévisions de pénurie dès 2025 selon Benchmark Mineral Intelligence, pourrait redresser durablement les prix.
Une concurrence mondiale féroce
Pour les pays africains, l’enjeu ne se limite pas à augmenter la production. Respecter les calendriers de développement sera déterminant pour capter une part du marché face à des concurrents de taille. L’Australie, la Chine et le Chili devraient demeurer les trois plus grands producteurs de lithium d’ici la fin de la décennie. Ces géants disposent d’une infrastructure mature et d’une expertise éprouvée, leur permettant de répondre rapidement à la hausse de la demande.
Toutefois, l’Afrique bénéficie d’un potentiel sous-exploité qui pourrait modifier la donne. Les nouvelles découvertes, les investissements étrangers et une meilleure structuration des chaînes d’approvisionnement seront autant de leviers pour transformer cette opportunité en moteur de développement économique.
Alors que la planète s’engage dans une transition énergétique accélérée, le lithium se positionne comme un pilier incontournable. Pour l’Afrique, l’heure est à l’action : la décennie en cours pourrait marquer un tournant décisif pour son industrie minière et son intégration dans les chaînes de valeur mondiales.