Lors d’une intervention à la COP29, organisée à Bakou, Daniel Alexander Schroth a tiré la sonnette d’alarme sur la crise énergétique qui frappe le continent africain. Selon lui, plus de 80 % du déficit mondial d’accès à l’énergie est concentré en Afrique, une situation qu’il qualifie de « problème africain ».
Daniel Alexander Schroth, directeur du département des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique à la Banque africaine de développement (BAD), a rappelé que l’analyse des Objectifs du Millénaire pour le Développement montre un retard préoccupant concernant l’objectif lié à la préservation de l’environnement. Selon les conclusions exposées lors d’un événement organisé par l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN), la croissance de la population africaine dépasse désormais la capacité à fournir de nouveaux accès à l’énergie, un fait inédit depuis une décennie.
Ce constat est, selon lui, un signal « très inquiétant ». Il appelle à une révision des approches actuelles et à une intensification des solutions pour répondre à ce défi. Parmi ces solutions, les énergies renouvelables décentralisées – telles que les mini-réseaux et les systèmes solaires domestiques – apparaissent comme les options les plus viables et abordables. « Plus de 50 % de l’accès à l’énergie devra être assuré par ces dispositifs », a-t-il souligné.
Au cours de la dernière décennie, la BAD s’est investie dans le développement de mini-réseaux énergétiques dans plusieurs pays africains, en s’attaquant aux obstacles politiques, juridiques et réglementaires. Toutefois, M. Schroth a averti que l’absence de données claires et fiables sur la demande énergétique constitue un frein majeur. Il plaide pour un « soutien ciblé » et des mécanismes financiers innovants pour réduire les risques liés à ces projets.
Amr Sobhy, spécialiste senior du changement climatique à la Banque islamique de développement (BID), a mis en avant le rôle de la coopération Sud-Sud dans la lutte contre la précarité énergétique. Grâce au programme « Reverse Linkage », introduit en 2012, la BID facilite le transfert de compétences et le partage des meilleures pratiques entre les pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Ce mécanisme a pour ambition de renforcer les capacités des États membres en vue de leur développement autonome. « Il s’agit d’un modèle de coopération gagnant-gagnant qui soutient aussi les Objectifs de Développement Durable, notamment l’accès à l’énergie, l’éducation équitable et la réduction de la pauvreté », a expliqué M. Sobhy.
Le rôle de MASEN dans la transition énergétique
Lors du même événement, Fatima Hamdouch, directrice de stratégie et de pilotage à MASEN, a présenté les missions de cette agence marocaine pionnière créée en 2010. Elle a mis en lumière les trois axes stratégiques de MASEN : le développement d’installations aux standards internationaux, le renforcement de l’expertise nationale en énergies renouvelables et la promotion d’un développement territorial durable intégrant les dimensions économiques, sociales et environnementales.
Cette 29ᵉ Conférence des Parties, tenue du 11 au 22 novembre, met un accent particulier sur le financement climatique. L’objectif est de mobiliser les ressources nécessaires pour permettre aux pays, notamment les plus vulnérables, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et de s’adapter aux effets croissants du changement climatique.
L’Afrique, au cœur des débats, apparaît comme un continent confronté à une double urgence : accélérer son accès à une énergie propre et durable tout en renforçant sa résilience face aux changements climatiques. Ces défis exigent une mobilisation collective, mais surtout des actions concrètes et des partenariats renforcés, pour que l’énergie cesse d’être un luxe inaccessible pour des millions d’Africains.