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Ainsi va l’Afrique

Sénégal : Les soupçons de transaction en espèces en hausse de +145%

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Mamadou Ousmanne
16/11/2024 à 13:57 , Mis à jour le 18/11/2024

La Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) du Sénégal révèle des résultats dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Ces avancées témoignent une augmentation spectaculaire des déclarations de soupçon ( 145 %) et des transactions en espèces ( 292 %)

Le rapport indique que les déclarations de soupçon (DOS) ont bondi de 330 en 2022 à 807 en 2023, soit une hausse de 145 %. Les banques et établissements financiers demeurent les principales sources de ces signalements, représentant 86 % du total, suivis par les systèmes financiers décentralisés (8 %) et les établissements de monnaie électronique (2 %). 

Cette augmentation reflète une prise de conscience accrue des acteurs financiers face aux risques de blanchiment et une amélioration des dispositifs internes de détection des transactions suspectes. 

Le nombre de déclarations de transactions en espèces (DTE), portant sur des opérations dépassant les 15 millions de FCFA, a atteint 16 993 410 en 2023, enregistrant une progression impressionnante de 292 % par rapport à l’année précédente. Cette performance est attribuée à l’optimisation des systèmes d’information et de reporting des institutions déclarantes, renforçant ainsi la transparence et la traçabilité des flux financiers. 

L’examen des infractions détectées par les DOS met en évidence 473 cas de fraude, 131 cas de corruption, 41 infractions fiscales pénales et 33 violations de la réglementation des changes. Ces chiffres illustrent la diversité et la complexité des crimes financiers auxquels le Sénégal doit faire face, renforçant la nécessité d’un dispositif de surveillance efficace et proactif. 

La modernisation des outils technologiques de la Centif, notamment grâce à l’intégration de l’application e-Delta, a été déterminante dans l’amélioration de son efficacité. Ce progrès a permis de multiplier les réquisitions et demandes d’informations nationales, passées de 343 en 2022 à 1 186 en 2023, soit une hausse de 246 %. 

Sur le plan international, la Centif a intensifié ses échanges avec des cellules de renseignement financier étrangères, partageant 88 informations en 2023. Cette coopération accrue vise à maintenir le Sénégal en conformité avec les normes rigoureuses du Groupe d’action financière (GAFI).

En octobre, cette stratégie a porté ses fruits : le Sénégal a été officiellement retiré de la « liste grise » du GAFI lors d’une réunion plénière à Paris. Cette décision, saluée par le ministère des Finances et du Budget, marque une avancée significative pour le pays, consolidant sa réputation en matière de gouvernance financière. 

La présidente de la Centif, Ramatoulaye Gadio Agne, a réaffirmé l’engagement de l’institution à renforcer ses capacités opérationnelles pour relever les défis liés à l’évolution rapide des instruments financiers numériques. Alors que le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme adoptent des formes de plus en plus sophistiquées, la Centif se positionne comme un acteur clé dans la préservation de l’intégrité du système financier sénégalais. 

Les performances enregistrées en 2023 traduisent une dynamique prometteuse, mais appellent à un renforcement continu des efforts pour anticiper les menaces émergentes et garantir un environnement financier sûr et transparent au Sénégal.