Chaque année, l'Afrique perd plus de 16 milliards de dollars américains dans l'importation de médicaments. Cette situation freine le développement économique et l’autosuffisance du continent.
Depuis son lancement, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) suscite de grands espoirs, avec des projections prometteuses sur la création d’emplois et l’augmentation des échanges commerciaux intra-africains. Cependant, pour réaliser son plein potentiel, les pays africains doivent renforcer leur collaboration en investissant dans des secteurs clés. Selon la Commission économique des Etats de l’Afrique (CEA), dix secteurs prioritaires peuvent servir de leviers pour ce développement. Parmi eux, figurent la fabrication pharmaceutique, les textiles et l’habillement, les services financiers mobiles, les industries culturelles et créatives, ainsi que la production de vaccins.
Wamkele Mene, Secrétaire général du secrétariat de la ZLECAf, souligne l’importance stratégique de quatre secteurs en particulier : la fabrication pharmaceutique, l’automobile, le transport et la logistique, ainsi que l’agriculture et l’agro-industrie. Ces secteurs, estime-t-il, façonneront l’économie africaine dans les deux prochaines décennies.
L’importation massive de produits pharmaceutiques illustre les défis auxquels le continent est confronté. En 2019, l’Afrique a dépensé 16 milliards de dollars pour importer des médicaments, une somme qui aurait pu être investie localement pour créer des milliers d'emplois et renforcer les capacités industrielles. La dépendance aux importations ne se limite pas au secteur pharmaceutique : le continent importe également pour près de 60 milliards de dollars de produits alimentaires chaque année, un paradoxe pour une région disposant de vastes terres arables et de ressources abondantes.
Les chaînes de valeur régionales, concept clé promu par la ZLECAf, offrent une solution durable. Ce modèle repose sur la collaboration entre les pays africains pour produire localement des biens finis prêts à l’exportation. Wamkele Mene illustre ce mécanisme : « Si au Rwanda, les équipements pour transformer un produit sont inexistants, le pays peut effectuer une première étape avant d’envoyer la matière semi-transformée au Kenya. Le Kenya, à son tour, peut poursuivre le processus et expédier le produit en Égypte, où il sera finalisé et prêt à être exporté. »
Harmonisation
Pour divers experts, cette approche collaborative pourrait non seulement réduire les coûts d'importation, mais également stimuler l’innovation, l’emploi et la compétitivité. Le secteur pharmaceutique, par exemple, présente des opportunités énormes dans un contexte où la demande en médicaments et vaccins continue de croître. En parallèle, l’agriculture et l’agro-industrie pourraient jouer un rôle crucial dans la sécurité alimentaire du continent, tout en réduisant sa dépendance aux importations alimentaires.
Pour que ces ambitions deviennent réalité, les États africains doivent harmoniser leurs politiques commerciales, simplifier les procédures douanières et créer un environnement attractif pour les investisseurs locaux et étrangers. La réussite de la ZLECAf dépendra également de la mise en place de réseaux d'approvisionnement fiables et de l'amélioration des infrastructures.
En s'appuyant sur ses ressources humaines et naturelles, l’Afrique peut transformer ses défis en opportunités. La ZLECAf représente une plateforme unique pour encourager la production locale, diversifier les économies nationales et propulser le commerce intra-africain vers de nouveaux sommets. Reste à savoir si les pays du continent sauront saisir cette occasion historique pour réduire leur dépendance et construire une Afrique plus autonome et résiliente.