En septembre 2023, le G20 a franchi un jalon décisif en accordant à l'Union Africaine (UA) le statut de membre à part entière. Cette décision marque un tournant historique, symbolisant l'entrée de l'Afrique dans le cercle restreint des grandes puissances mondiales.

 À l'occasion de son premier sommet du G20, qui se tient à Rio de Janeiro, du 18 au 22 novembre 2024, les attentes placées sur l'Union Africaine sont immenses. Ce sommet représente non seulement une avancée symbolique pour le continent, mais aussi un moment crucial pour affirmer ses ambitions face aux enjeux mondiaux.

Depuis le lundi 18 novembre 2024, le groupe des 20 économies les plus puissantes du monde, désormais enrichi de l’UA, se réunit à Rio pour aborder des questions vitales touchant la planète. L’Union Africaine, représentée par son président en exercice, Mohamed Ould Ghazouani, et le président de sa Commission, Moussa Faki Mahamat, bénéficie ainsi d'une tribune de taille. Il s'agit là d'une reconnaissance qui consacre son rôle central dans les discussions mondiales, après des décennies passées dans les coulisses de la diplomatie internationale. Le sommet de Rio offre ainsi une occasion historique pour l'UA de faire entendre la voix d'un continent de plus de 1,4 milliard d'habitants.

Cette entrée en force dans le cercle des puissances économiques mondiales marque un tournant dans les relations Nord-Sud. L'objectif affiché de l'UA est d'ouvrir un nouveau chapitre dans la coopération mondiale, où le continent africain serait davantage pris en compte dans les prises de décisions globales. La volonté de construire une nouvelle dynamique de partenariat Nord-Sud, fondée sur une coopération mutuellement bénéfique, résonne comme une exigence face aux défis économiques, sociaux et environnementaux que l'Afrique doit relever.

Les discussions de ce sommet s’articulent autour de plusieurs thématiques stratégiques pour l’Afrique. Parmi les priorités évoquées, figurent la lutte contre la pauvreté, la réforme des institutions de gouvernance mondiale, la transition énergétique et la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD). Ces enjeux sont particulièrement cruciaux pour un continent qui abrite près de 40 % de la population mondiale vivant dans l'extrême pauvreté. Selon un rapport de 2023 co-publié par la FAO, le PAM, l’UA et la CEA, environ 282 millions de personnes en Afrique souffrent de sous-alimentation, une situation dramatique exacerbée par les crises alimentaires mondiales, dont celle déclenchée par la guerre en Ukraine.

Le lancement, ce lundi 18 novembre, de l'« Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté », destiné à accélérer les progrès vers l'éradication de la faim et de la pauvreté, résonne d’une importance particulière pour l’Afrique. La lutte pour l’autosuffisance alimentaire est ainsi devenue une priorité stratégique pour un continent dont la dépendance à l’importation alimentaire est de plus en plus insoutenable. Dans ce cadre, l’UA met l’accent sur la nécessité d’une transformation des systèmes agricoles africains, d’un soutien renforcé aux pays producteurs et d'une diversification des investissements.

Un autre volet majeur des discussions de ce sommet porte sur la transition énergétique, un domaine où l’Afrique entend jouer un rôle clé. En effet, le continent détient des ressources naturelles stratégiques qui alimentent la révolution énergétique mondiale, telles que le coltan, le lithium, le cobalt et d'autres minéraux critiques nécessaires à la production de batteries pour véhicules électriques. Toutefois, l'Afrique reste confrontée à un défi majeur : sa dépendance à l’exportation brute de ces ressources, sans réelle transformation locale, limite sa capacité à participer pleinement à la chaîne de valeur mondiale.

Lors de la deuxième journée du sommet, l’UA portera la voix des États membres sur cette question, plaidant pour une diversification industrielle et une transformation en profondeur du secteur minier africain. L’objectif est d’assurer que le continent tire davantage profit de ses ressources naturelles, non seulement par l’exploitation minière, mais aussi par la transformation sur place. Ce changement de paradigme implique une coopération renforcée avec les pays développés pour soutenir les politiques industrielles africaines et promouvoir un financement climatique durable.

Les attentes envers les pays du Nord sont élevées : ces derniers doivent concrétiser leurs engagements en matière de financement climatique, en particulier pour les pays en développement. Des promesses qui, jusqu’à présent, sont souvent restées lettre morte. Le financement de la transition énergétique et du développement durable est désormais perçu comme un impératif. « La voie à suivre est claire : les économies riches du G20 doivent aller au-delà de la rhétorique et fournir un financement climatique durable et à long terme ainsi que des prêts concessionnels pour aider l'Afrique à combler le déficit de financement actuel », a commenté l’ancien Premier ministre kényan, Raila Odinga, soulignant l’urgence de soutenir le continent dans sa démarche de développement durable.