Le Sénat nigérian alerte sur l’infiltration de terroristes Lakurawa, originaires du Mali et du Burkina Faso, dans plusieurs États du nord et du centre du Nigeria.

Le Sénat nigérian a lancé un avertissement solennel face à l’invasion de plusieurs États par des terroristes originaires du Mali et du Burkina Faso, connus sous le nom de Lakurawa. Ces incursions, qui touchent notamment les États de Kebbi, Sokoto, Kaduna et Niger, marquent une escalade préoccupante dans les tensions sécuritaires. 

Prenant acte de l'ampleur internationale de cette menace, la Chambre haute a exhorté l'armée nigériane à renforcer ses dispositifs de surveillance, à établir des mécanismes d'alerte précoce et à intensifier sa présence dans les zones touchées. Par ailleurs, les sénateurs ont félicité l'armée pour sa réaction rapide face à ces attaques, tout en appelant à une coopération renforcée avec les communautés locales et les autres agences de sécurité. 

Dans une résolution adoptée lundi, le Sénat a demandé au gouvernement fédéral d’envoyer une équipe d’évaluation sur le terrain pour mesurer l’étendue des dégâts et répondre aux besoins urgents des familles affectées. Une minute de silence a également été observée en hommage aux victimes. 

La motion, intitulée "Nécessité urgente de prévenir l'infiltration du groupe terroriste Lakurawa dans le nord-ouest", a été présentée par le sénateur Yahaya Abdullahi, représentant Kebbi Nord, et co-parrainée par d'autres sénateurs de la région. Selon Abdullahi, ces terroristes lourdement armés ont pénétré au Nigeria via la frontière avec le Niger, ciblant les communautés rurales des zones gouvernementales locales d’Illela, Tangaza et Silame dans l’État de Sokoto. Ils auraient récemment mené une attaque dévastatrice dans le village de Mera, tuant plus de 20 personnes et dérobant du bétail d’une valeur de centaines de millions de nairas. 

Une menace pour la sécurité nationale

Les sénateurs ont exprimé leur inquiétude face à l’expansion potentielle de ce groupe, redoutant une propagation de leur règne de terreur à d’autres régions du pays. Le vice-président du Sénat, Barau Jibrin, a souligné la gravité de cette "nouvelle dimension" du terrorisme et insisté sur la nécessité d'agir sans délai pour contenir la menace. 

Aminu Tambuwal, ancien gouverneur de l'État de Sokoto, a rappelé une invasion similaire en 2018 et a insisté sur les liens internationaux et l'arsenal sophistiqué de ces terroristes. "Le gouvernement fédéral doit traiter cette situation avec le plus grand sérieux", a-t-il déclaré. 

De son côté, le sénateur Adamu Aliero a plaidé pour une révision des précédentes résolutions parlementaires sur le terrorisme afin de les soumettre à la présidence pour une action rapide. "Ces groupes armés contrôlent une grande partie du nord du Mali et étendent désormais leur emprise sur plusieurs États nigérians. Il est impératif d'agir immédiatement pour enrayer cette menace", a-t-il insisté. 

Malgré les interventions militaires rapides qui ont permis de repousser les assaillants et de restituer du bétail volé, le Sénat a mis en garde contre une approche exclusivement militaire. Il appelle à une stratégie globale impliquant le renforcement des relations avec les communautés locales et une coopération accrue avec les pays voisins pour endiguer l’infiltration transfrontalière. 

Alors que le Nigeria fait face à des défis sécuritaires croissants, cette nouvelle alerte du Sénat souligne l'urgence d'une réponse nationale concertée pour protéger les populations et garantir la stabilité du pays.