Le Nigeria, premier producteur de pétrole d'Afrique mais acteur gazier dispose de réserves prouvées de gaz naturel estimées à 203 Tcf, espère à travers le gazoduc Nigeria-Maroc, devenir un fournisseur majeur de l'Europe alors que le continent s'éloigne du gaz russe.

Le projet ambitieux du gazoduc Nigeria-Maroc, destiné à relier le Nigeria au Maroc sur une distance de 5 600 kilomètres, franchira une étape en 2025. Selon l'Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM), l’année 2025 marquera le lancement des appels d'offres relatifs à la construction des tronçons marocains de cette infrastructure stratégique. 

Le gazoduc, qui traversera 16 pays principalement situés le long de la côte atlantique de l'Afrique de l'Ouest, constitue une pierre angulaire pour l'intégration économique régionale et le développement durable. Reliant les ressources énergétiques abondantes du Nigeria au réseau gazier marocain, il sera également connecté au Gazoduc Maghreb-Europe et, à terme, au réseau gazier européen, renforçant ainsi la sécurité énergétique non seulement en Afrique mais également en Europe. 

Présenté comme un « projet de paix, d’intégration économique et de codéveloppement », le gazoduc Nigeria-Maroc s’inscrit dans la vision panafricaine portée par le Roi Mohammed VI. Dans un discours marquant en 2022, le souverain avait souligné que ce projet était destiné « aux générations présentes et futures », symbolisant l’engagement du Maroc à bâtir une coopération régionale durable. 

Avec une capacité à transformer la vie de plus de 340 millions de personnes sur son tracé, le gazoduc se veut un levier pour l’accès à l’énergie, la création d’emplois, et la réduction des disparités économiques en Afrique de l’Ouest. L’impact escompté va bien au-delà de l’approvisionnement énergétique : il devrait stimuler le développement industriel, renforcer les infrastructures locales et améliorer les conditions de vie des populations. 

Une coordination régionale en bonne voie

Les denières avancées dans la structuration du projet témoignent d’une dynamique de coopération renforcée. La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) prévoit de signer, dès décembre prochain, un accord de coopération encadrant les étapes de construction et d’exploitation du pipeline. Par ailleurs, l’ONHYM a déjà signé plusieurs protocoles d’accord (MoU) en partenariat avec la Nigerian National Petroleum Company Limited (NNPC) et des opérateurs pétroliers de divers pays tels que la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Libéria et la République de Guinée. 

Des accords similaires ont également été conclus avec des pays stratégiques comme le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Sierra Leone et le Ghana. Ces engagements renforcent la crédibilité du projet et confirment l’adhésion collective des nations concernées à cette initiative africaine majeure. 

Malgré l’optimisme, le projet n’est pas exempt de défis. Le delta du Niger, région essentielle pour le transport du gaz nigérian, demeure une zone complexe, marquée par des enjeux de sécurité et d’environnement. De plus, la coordination entre les différents pays impliqués nécessitera un suivi rigoureux pour garantir la mise en œuvre des étapes techniques et logistiques. 

Dans le cadre de sa gouvernance, une société privée sera créée en 2025, chargée de superviser la construction, l’exploitation et la maintenance de cette infrastructure. Cette entité jouera un rôle central dans la mise en œuvre effective du gazoduc, en veillant à ce que les objectifs ambitieux du projet soient atteints. 

Alors que le monde s’oriente vers des solutions énergétiques plus durables, le gazoduc Nigeria-Maroc apparaît comme une réponse adaptée aux besoins en énergie du continent africain. Il illustre également le rôle moteur du Maroc dans la promotion d’une Afrique unie et prospère, où les ressources naturelles deviennent des instruments de développement collectif.