Les zones de conflit augmentent de deux tiers à l'échelle mondiale depuis 2021, couvrant 6 millions de km². Cette explosion est plus flagrante en Afrique.
Depuis 2021, les zones affectées par des conflits armés ont connu une augmentation alarmante de 65 %, englobant désormais 4,6 % de la surface terrestre mondiale, contre 2,8 % il y a trois ans. Ce phénomène équivaut à une étendue de 6,15 millions de kilomètres carrés, soit près du double de la superficie de l’Inde. Ces zones sont aujourd’hui marquées par des affrontements entre États ou des guerres internes, selon les données révélées par l’Indice d’intensité des conflits (CII).
Les conséquences de cette recrudescence de la violence sont lourdes et multidimensionnelles. Elles engendrent des coûts humains exorbitants, alimentent les flux migratoires, élargissent les fractures géopolitiques et portent un coup sévère à l’économie mondiale. Les chaînes d’approvisionnement et le commerce international en subissent également les répercussions. En témoigne l’augmentation dramatique du nombre de victimes, le bilan des morts liées aux conflits étant sur le point d’atteindre 200 000 d’ici la fin de l’année, une hausse de 29 % par rapport à 2021.
En Afrique subsaharienne, la situation est particulièrement critique. Le « corridor de conflit », qui s’étend du Mali à l’ouest jusqu’à la Somalie à l’est, couvre désormais 6 400 kilomètres, soit le double de sa taille en 2021. Cette expansion a conduit à ce que les zones touchées par des affrontements dans 14 pays du Sahel et de l’Afrique de l’Est représentent environ 10 % de la superficie totale de la région, soit 2,5 millions de kilomètres carrés – une étendue équivalente à plus de dix fois la taille du Royaume-Uni.
Parmi les cas les plus préoccupants figure le Burkina Faso, où 86 % du territoire est désormais plongé dans un conflit opposant les forces de l’État à des groupes militants. Parallèlement, les guerres civiles au Soudan et en Éthiopie ont vu leurs zones de violence s’étendre respectivement de 20 % et 30 %, tandis que la violence armée au Nigéria affecte désormais 44 % de son territoire.
L’impact humain dans cette région est également croissant : selon les estimations du CII, le nombre de décès liés aux conflits dans le corridor africain devrait augmenter de plus de 50 % par rapport à 2021.
Au-delà de l’Afrique, d’autres foyers de tensions moins médiatisés contribuent à l’aggravation du panorama mondial. La guerre civile au Myanmar, déclenchée par le coup d’État de 2021, a propulsé ce pays d’Asie du Sud-Est au 2e rang des nations les moins performantes dans l’édition actuelle du CII, contre le 19e rang précédemment. En Amérique latine, Haïti et l’Équateur connaissent une montée en flèche de la violence des gangs, qui dépasse désormais le cadre de la criminalité pour prendre la forme de véritables conflits internes.