La campagne 2024/2025 s’annonce comme une année charnière pour l’agrumiculture nord-africaine pourrait redéfinir les équilibres régionaux, mais également influencer durablement la position de l’Afrique du Nord sur l’échiquier global des exportations agricoles.
La production d’agrumes, pilier stratégique des exportations agricoles en Afrique du Nord, fait face à des perspectives inégales pour la campagne 2024/2025. Les derniers chiffres publiés par l’Organisation mondiale des agrumes (WCO), le 15 novembre dernier, mettent en lumière une diminution globale de 11 % de la récolte régionale. Ainsi, les trois principaux producteurs de la région – Égypte, Maroc et Tunisie – devraient atteindre un volume cumulé de 6,8 millions de tonnes, révélant des disparités notables entre ces pays.
Contrairement à la tendance générale, le Maroc et la Tunisie affichent des prévisions optimistes. Le Maroc, qui consolide son rôle croissant dans la filière, anticipe une augmentation de sa production de 11,9 %, avec une récolte estimée à 2,1 millions de tonnes. Cette embellie s’explique notamment par des investissements récents dans les systèmes d’irrigation et une gestion optimisée des plantations, malgré des conditions hydriques tendues.
De son côté, la Tunisie prévoit une croissance plus modeste mais significative de 5,1 %, portant sa récolte à 383 850 tonnes. Ce redressement découle d’un effort soutenu pour revitaliser les vergers d’agrumes, grâce à l’introduction de variétés résistantes aux changements climatiques et à une meilleure maîtrise des techniques agricoles.
L’Égypte, leader incontesté du marché nord-africain et acteur majeur à l’échelle mondiale, se distingue par un repli marqué de 19,5 % de sa production, qui atteindrait 4,3 millions de tonnes. Ce volume représenterait le niveau le plus bas enregistré depuis quatre ans. Bien que la WCO n’ait pas détaillé les causes spécifiques de cette baisse, elle pointe du doigt des conditions climatiques défavorables, notamment des sécheresses prolongées et des températures extrêmes ayant compromis la qualité des récoltes.
Les défis ne s’arrêtent pas là pour l’Égypte, car sa position de principal exportateur d’agrumes de la région pourrait être fragilisée. Lors de la campagne 2023/2024, le pays avait atteint un record historique avec 2,3 millions de tonnes d’agrumes exportées, générant plus d’un milliard de dollars de recettes selon les données de Trade Map. Maintenir ce niveau de performance en 2024/2025 s’annonce complexe, dans un contexte de concurrence internationale accrue et de pression sur les coûts de production.
Une filière sous pression climatique
Au-delà des spécificités nationales, la filière agrumicole nord-africaine est confrontée à des défis structurels liés au changement climatique. La WCO met en avant des menaces telles que les gelées tardives, la sécheresse persistante, les vagues de chaleur, ainsi que l’apparition de nouveaux ravageurs et maladies. Ces facteurs perturbent non seulement les rendements, mais également la qualité et les délais de récolte, des éléments essentiels pour rester compétitif sur les marchés internationaux.
Pour les pays de la sous-région, la diversification des marchés, l’amélioration des infrastructures logistiques et l’adoption de technologies agricoles résilientes apparaissent comme des impératifs stratégiques. Si le Maroc et la Tunisie semblent mieux préparés à tirer parti des opportunités offertes par une demande mondiale croissante en fruits frais, l’Égypte devra intensifier ses efforts pour préserver sa domination, notamment en investissant dans des solutions innovantes face aux aléas climatiques.