Venancio Mondlane, candidat indépendant à l’élection présidentielle mozambicaine, a annoncé une série de conditions préalables à sa participation à une rencontre avec le président Filipe Nyusi et les autres candidats à la présidence.
Le Mozambique entame un processus pour désamorcer la crise politique en gestation. A ce titre, une réunion vise à neutraliser les tensions politiques et sociales qui secouent le pays depuis les élections contestées du 9 octobre dernier.
Mondlane a présenté un projet détaillé d’ordre du jour comprenant 20 points, dont le rétablissement de ce qu’il appelle « la vérité électorale » et l’établissement des responsabilités pénales et civiles des personnes impliquées, selon lui, dans la falsification du processus électoral. Sa lettre, remise au président Nyusi par Diniz Tivane, représentant du parti Podemos qui le soutient, insiste également sur des garanties de sécurité politique et juridique pour les participants au dialogue.
Parmi ses revendications, Mondlane exige l’abandon des poursuites judiciaires à son encontre, la libération des manifestants arrêtés lors des mouvements de contestation qu’il avait appelés, ainsi que la tenue de la réunion sous forme virtuelle. Il demande également l’implication de certaines institutions et personnalités clés dans les discussions.
Les résultats préliminaires des élections, annoncés par les autorités, créditent Daniel Chapo, candidat du parti au pouvoir, le Frelimo, d’une victoire écrasante avec 71 % des suffrages. Mondlane, arrivé deuxième avec 20 %, a contesté ces résultats, dénonçant une fraude électorale massive. Cette situation a plongé le Mozambique dans une crise politique et sociale majeure, marquée par des violences, des blocus économiques et des manifestations qui ont fait au moins 60 morts.
Ces troubles ont paralysé plusieurs régions, notamment les zones frontalières et les centres économiques stratégiques, exacerbant l’incertitude qui pèse sur le pays. Les pillages et les émeutes ont considérablement perturbé la vie quotidienne et fragilisé une économie déjà vulnérable.
Dialogue ou impasse ?
Malgré l’invitation officielle de Filipe Nyusi à participer au dialogue, certains observateurs doutent de la réelle volonté de Mondlane de prendre part à cette réunion. Dercio Alfazema, analyste politique, estime que les nombreuses conditions posées par Mondlane témoignent d’une réticence sous-jacente. « Si cela ne dépendait que de lui, il ne participerait pas », affirme-t-il, soulignant que ces exigences pourraient compromettre la tenue même de la rencontre.
Pourtant, le dialogue apparaît comme l’unique voie pour apaiser les tensions. « La meilleure issue à cette crise reste une discussion franche et ouverte entre toutes les parties », a ajouté Alfazema, tout en reconnaissant les nombreux obstacles à surmonter pour y parvenir.
Face à l’ampleur de la crise, le Mozambique se trouve à un tournant critique. La capacité des acteurs politiques à instaurer un climat de confiance et à engager un dialogue sincère sera déterminante pour restaurer la stabilité dans le pays.