Les États du Sahel continuent de poser les bases de leur coopération renforcée à travers la Confédération des États du Sahel (AES). La récente nomination de Bassolma Bazié à la tête de la Commission nationale de cette Confédération illustre la détermination des autorités burkinabè à promouvoir cette initiative historique.
Lundi 9 décembre 2024, un décret signé par le Président de la transition burkinabè, le Capitaine Ibrahim Traoré, a officialisé la nomination de Bassolma Bazié en tant que président de la Commission nationale de la Confédération des États du Sahel. Ancien ministre d’État chargé de la Fonction publique dans le gouvernement du Dr Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambèla, Bazié est reconnu pour son expertise en gestion publique et son engagement en faveur des réformes structurelles.
Cette désignation s’inscrit dans le cadre du décret fondateur du 6 novembre 2024, établissant les bases institutionnelles de la Confédération. Ce cadre définit non seulement les missions de la Commission nationale mais aussi son rôle central dans la coordination des politiques entre les États membres.
La Confédération des États du Sahel, adoptée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger en juillet 2024, représente une réponse directe à leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette décision, qualifiée de courageuse par plusieurs analystes, marque une volonté claire de construire une entité supranationale fondée sur des principes de solidarité, de résilience et de souveraineté économique.
Bassolma Bazié aura pour mission de piloter la mise en œuvre des objectifs de la Confédération, notamment l’harmonisation des politiques de sécurité, le développement d’infrastructures transfrontalières et la coordination des réponses aux défis climatiques et économiques. La Confédération ambitionne également de renforcer l’interconnexion entre les populations, en valorisant des projets structurants tels qu’un système éducatif unifié et des initiatives de développement rural.
La tâche qui attend Bassolma Bazié est immense. La Confédération doit non seulement démontrer sa viabilité, mais aussi gagner la confiance de ses partenaires régionaux et internationaux. À cela s’ajoutent des enjeux sécuritaires persistants, exacerbés par la présence de groupes armés dans plusieurs régions des États membres.
Cependant, les récents développements politiques au Burkina Faso traduisent une volonté affirmée de surmonter ces obstacles. La dissolution du gouvernement précédent, suivie de la nomination d’une nouvelle équipe dirigée par Jean Emmanuel Ouédraogo, Premier ministre, vise à insuffler un nouvel élan à l’action publique. Ces changements traduisent une dynamique de réforme tournée vers la consolidation des institutions et la stabilisation du pays.
Une vision de souveraineté partagée
Pour Bassolma Bazié, cette nomination représente une opportunité de contribuer à un projet de grande envergure. La Confédération des États du Sahel se veut un modèle inédit de coopération régionale, où l’unité politique et l’intégration économique prévalent sur les intérêts nationaux à court terme. En misant sur une gouvernance concertée, les dirigeants de l’AES entendent tracer une nouvelle voie pour le Sahel, libéré des dépendances extérieures et des contraintes imposées par des structures régionales jugées inefficaces.
Les premiers chantiers de la Commission nationale, sous la direction de Bassolma Bazié, seront scrutés de près. Les populations sahéliennes, confrontées à des crises multidimensionnelles, placent de grands espoirs dans cette Confédération. Entre défis sécuritaires, contraintes économiques et ambitions politiques, le succès de cette initiative pourrait redéfinir le paysage institutionnel de l’Afrique de l’Ouest et offrir une alternative aux modèles de coopération existants.
Avec cette nomination, le Burkina Faso réaffirme son rôle de fer de lance dans le projet AES, tout en envoyant un message fort : l’avenir du Sahel réside dans l’unité et la résilience.