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Ghana. John Dramani Mahama lance son mandat sous le signe de la résilience

John Dramani Mahama, le président de la résilience politique
John Dramani Mahama, le président de la résilience politique
Mamadou Ousmane
11/12/2024 à 09:48 , Mis à jour le 13/12/2024

John Dramani Mahama, figure incontournable de la scène politique ghanéenne et leader du Congrès National Démocratique (NDC), fait un retour triomphal à la présidence, huit ans après avoir quitté le pouvoir. Résilience est le mot qu'il a le plus répété en début de son mandat.

Avec 56,55 % des suffrages exprimés lors du scrutin du 8 décembre, il devance largement Mahamudu Bawumia, vice-président sortant et candidat du New Patriotic Party (NPP), qui a reconnu sa défaite dès l’annonce des résultats. 

Mahama s’inscrit dans l’histoire politique de la Quatrième République ghanéenne en devenant le premier président à retrouver le pouvoir après une défaite électorale. Une victoire qui symbolise non seulement sa résilience, mais aussi l’aspiration d’une partie du peuple ghanéen à un changement face à la crise actuelle. 

Né le 29 novembre 1958 à Damongo, dans le nord du Ghana, John Dramani Mahama grandit dans une famille influente. Son père, Emmanuel Adama Mahama, fut un important producteur de riz et ministre sous le gouvernement de Kwame Nkrumah, premier leader de l’indépendance. 

Le jeune Mahama fait ses études dans le célèbre pensionnat d’Achimota, un établissement qui a vu passer des figures politiques emblématiques telles que Jerry John Rawlings ou Robert Mugabe. Mais son parcours est bouleversé en 1966 par le coup d’État militaire renversant Nkrumah, suivi de l’arrestation et de l’incarcération de son père. 

 Ces événements le poussent à l’exil au Nigeria après le coup d’État de 1981 dirigé par Jerry Rawlings. Ce contexte instable forge ses convictions et son ambition politique. 

Après une licence en histoire et un diplôme en communication obtenus à l’Université du Ghana, John Mahama poursuit ses études en psychologie sociale à Moscou, en Union soviétique. Ce séjour à l’étranger, au cœur de la guerre froide, élargit ses perspectives et nourrit sa réflexion sur les modèles de développement adaptés au continent africain. 

Fort de cette expérience, il retourne au Ghana en 1983, déterminé à reprendre le flambeau familial et à contribuer à la transformation de son pays. 

Un parcours politique fulgurant au sein du NDC

En 1996, Mahama entame sa carrière politique en tant que député du Congrès National Démocratique. Deux ans plus tard, il est nommé ministre de la Communication par le président Jerry Rawlings, ce qui marque le début de son ascension. 

En 2008, il devient vice-président de la République aux côtés de John Atta Mills. Lorsque ce dernier décède en 2012, Mahama accède à la présidence par intérim, puis remporte l’élection présidentielle de la même année. 

Le mandat de Mahama, de 2012 à 2016, est marqué par des défis économiques majeurs. Les coupures d’électricité fréquentes, surnommées *Dumsor* par la population, deviennent un symbole des dysfonctionnements du pays. À cela s’ajoutent des scandales de corruption qui ternissent son image, malgré ses efforts pour développer des infrastructures dans les secteurs des transports, de l’éducation et de la santé. 

En 2016, il subit une défaite cinglante face à Nana Akufo-Addo, qui sera réélu en 2020, écartant Mahama une fois de plus de la scène présidentielle. 

Un retour porté par la crise et les attentes populaires 

Malgré ses échecs successifs, Mahama demeure une figure centrale de l’opposition. Sa victoire en 2024 reflète le mécontentement des électeurs face à une économie en crise. Le Ghana, premier producteur d’or en Afrique et deuxième exportateur mondial de cacao, est confronté à une inflation galopante et à un endettement record, rendant le coût de la vie insoutenable pour de nombreux citoyens. 

Ces enjeux économiques ont dominé la campagne présidentielle, donnant à Mahama une opportunité de défendre un programme axé sur la relance économique et la justice sociale. 

La Commission électorale ghanéenne a confirmé, ce lundi 9 décembre, la victoire de Mahama avec 56,55 % des voix. Son adversaire, Mahamudu Bawumia, s’est incliné rapidement, contribuant à apaiser le climat politique post-électoral. 

Ce retour au pouvoir place Mahama face à des défis colossaux. Entre redressement économique, lutte contre la corruption et amélioration des conditions de vie, son second mandat sera décisif pour réhabiliter son image et répondre aux aspirations d’un Ghana en quête de stabilité et de prospérité.