Alors que la Tunisie traverse l’une des crises les plus profondes de son histoire moderne, touchant presque tous les secteurs de la société, la scène footballistique n’échappe pas aux turbulences. La Fédération Tunisienne de Football (FTF), sous tutelle de la FIFA depuis plusieurs mois, se prépare à un tournant avec l’organisation de son assemblée générale élective prévue pour le 25 janvier 2025.
Kamel Idir, président du comité de régularisation chargé de gérer provisoirement la FTF, a annoncé mardi soir sur une radio privée les grandes lignes de la transition. Selon lui, l’objectif principal est d’assurer une continuité administrative dans le respect des statuts fédéraux tout en garantissant une représentation équitable des clubs et associations affiliés. Pourtant, cette mission se heurte à une réalité économique brutale : les finances de la Fédération sont au plus bas. En témoigne le recours à la FIFA pour combler un vide budgétaire chronique, une situation qui complique toute ambition de relance.
Idir a également mis en avant l’impératif de transparence dans cette phase critique, prévoyant des élections conformes aux standards internationaux. « Ce processus est crucial pour redonner confiance à tous les acteurs du football tunisien, » a-t-il affirmé, tout en reconnaissant l’ampleur des défis que devra relever le futur président.
Le prochain dirigeant de la FTF héritera d’un paysage sinistré où les clubs luttent pour survivre. Les salaires impayés, les infrastructures vieillissantes, et l’incapacité à attirer des investisseurs ou des sponsors illustrent la profondeur de la crise. Le football tunisien, autrefois fierté nationale, semble aujourd’hui refléter les maux d’un pays en quête de solutions.
Cette dégradation s’inscrit dans un contexte national tendu. L’économie tunisienne est étranglée par une dette croissante, une inflation galopante, et des protestations sociales récurrentes. Les défaillances dans la gestion publique, associées à une instabilité politique persistante, affectent directement les secteurs culturels et sportifs, souvent relégués au second plan. Les supporters, déçus et frustrés, voient dans les performances sportives déclinantes le reflet des fractures sociétales plus larges.
Les deux candidats à la présidence devront non seulement redresser les finances mais aussi restaurer la crédibilité de la FTF. Si leurs noms n’ont pas encore été officiellement dévoilés, les observateurs s’accordent à dire que le scrutin sera marqué par des tensions. La personnalité et le programme du futur président seront scrutés avec attention, notamment par la FIFA, qui continuera à surveiller de près l’évolution de la gouvernance locale.
Pour autant, certains s’interrogent sur la capacité réelle de la FTF à résoudre ses problèmes structurels. Les critiques pointent une gestion opaque, des conflits d’intérêts, et une absence de stratégie à long terme. Sans réformes profondes, le football tunisien risque de sombrer davantage.
Au-delà des questions sportives, la crise de la FTF symbolise un mal plus profond. En Tunisie, où les attentes populaires demeurent fortes malgré les épreuves, le football représente bien plus qu’un simple loisir. Il est porteur d’espoir, de fierté, et de cohésion sociale. Aujourd’hui, alors que le pays lutte pour rétablir sa stabilité économique et politique, le sort du football national pourrait bien devenir un baromètre des capacités de résilience et de transformation de la Tunisie.