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Économie. L’UEMOA pénalisé par ses taux d’intérêt

Alassane Ouattara, président par intérim de l'Uemoa
Alassane Ouattara, président par intérim de l'Uemoa
Mamadou Ousmane
27/12/2024 à 09:52 , Mis à jour le 27/12/2024

C’est dans un contexte de turbulences économiques et monétaires sans précédent que les chefs d’État de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) se sont réunis le 14 décembre dernier, à la veille du sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce rendez-vous a permis d’aborder des problématiques brûlantes pour cette organisation francophone, dont les membres peinent à maintenir leur stabilité économique face à une conjoncture internationale et régionale défavorable.

L’un des sujets les plus préoccupants de cette réunion a été la question des taux d’intérêt élevés imposés par les marchés financiers. Depuis plusieurs mois, ces taux freinent les capacités d’endettement des États membres, entravant ainsi leurs ambitions de développement économique. La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), organe clé de l’UEMOA, se trouve en première ligne pour maintenir la stabilité monétaire dans un environnement où les pressions inflationnistes persistent, aggravées par la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires.

Autre sujet crucial : la pénurie de devises. Cette rareté, exacerbée par une balance commerciale souvent déficitaire et une dépendance excessive aux importations, fragilise les économies locales. Plusieurs États peinent à financer leurs besoins essentiels en devises étrangères, provoquant un ralentissement des échanges commerciaux et une augmentation des tensions sociales. Lors de la réunion, les chefs d’État ont évoqué la nécessité de renforcer les exportations, diversifier les économies et promouvoir les investissements étrangers pour combler ce déficit structurel.

À cela s’ajoute le problème récurrent des cotisations impayées par certains membres, ce qui compromet le fonctionnement des institutions de l’UEMOA. Ces retards de paiement affectent notamment les programmes régionaux destinés à soutenir les secteurs de l’éducation, de la santé, et des infrastructures. La réunion a souligné l’urgence d’un engagement plus ferme des États membres pour respecter leurs obligations financières, condition sine qua non pour restaurer la confiance et garantir l’efficacité de l’organisation.

La tempête économique que traverse l’UEMOA s’accompagne d’un climat politique tendu. La montée des coups d’État dans la région, en particulier au Mali, au Burkina Faso et au Niger, fragilise l’unité et la coopération entre les membres. Les sanctions imposées par la CEDEAO et les différends diplomatiques viennent compliquer davantage la tâche de l’UEMOA, qui doit jongler entre ces crises politiques et ses objectifs économiques.

Des pistes de solutions pour une relance économique

Malgré ces enjeux, les discussions ont permis de dégager des pistes d’action pour atténuer les difficultés actuelles. Parmi celles-ci, la mise en œuvre de politiques monétaires concertées, le renforcement de la production locale pour réduire la dépendance aux importations, et l’amélioration de la gouvernance économique à travers une meilleure gestion des ressources publiques. Les chefs d’État ont également insisté sur l’importance de mobiliser les financements internationaux pour soutenir les initiatives régionales.

Cette réunion de l’UEMOA s’inscrit dans une dynamique régionale où les défis économiques se mêlent aux enjeux géopolitiques. Le sommet de la CEDEAO, tenu le 15 décembre, a permis de prolonger les discussions amorcées, notamment sur la coordination des politiques monétaires et les réponses aux crises politiques. Les regards sont tournés vers Abuja, où les décisions prises pourraient marquer un tournant décisif pour l’avenir de l’intégration ouest-africaine.