Le Maroc et la Libye relancent leurs liaisons. Cette décision est stratégique dans une région où les tensions géopolitiques, les enjeux migratoires et les défis environnementaux nécessitent des solutions communes.
La Libye et le Maroc s’apprêtent à franchir une étape décisive pour le renforcement de leur coopération. Après près de dix ans de suspension des liaisons aériennes et maritimes, Mohamed Al-Shahoubi, le ministre libyen des Transports, a annoncé la reprise imminente des vols directs entre Tripoli et Rabat, ainsi que l’ouverture d’une route maritime à partir de 2025. Cette annonce, intervenue après une rencontre tenu, le mercredi 25 décembre à Rabat entre Abdessamad Kayouh, Ministre du Transport et de la Logistique et son homologue libyen et qui marque un tournant majeur dans les relations bilatérales et ouvre la voie à un développement stratégique du partenariat entre les deux pays dans la région méditerranéenne.
La reprise des liaisons aériennes et maritimes entre le Maroc et la Libye ne se limite pas à une simple relance de la connectivité. Elle incarne un projet de coopération plus vaste visant à consolider la place des deux nations en Méditerranée, une région au carrefour des échanges commerciaux et des enjeux géopolitiques.
Depuis plusieurs années, le Maroc a su s’imposer comme un acteur majeur dans le bassin méditerranéen, grâce à ses infrastructures modernes, notamment portuaires et aéroportuaires, qui en font un hub stratégique pour les échanges commerciaux, notamment avec l’Europe et le reste du continent africain. De son côté, la Libye, en dépit des années de conflit, possède un potentiel significatif en tant que porte d’entrée vers le marché africain et un partenaire stratégique pour la région méditerranéenne.
La relance des vols et de la liaison maritime entre ces deux pays constitue ainsi une réponse à la fois pratique et symbolique à la volonté de renforcer la coopération en Méditerranée, une zone où l’intensification des échanges et des collaborations est essentielle pour une croissance durable et un équilibre géopolitique favorable.
La suspension des liaisons aériennes entre le Maroc et la Libye, décidée en 2015 pour des raisons de sécurité, a constitué un frein considérable aux échanges entre les deux pays. Les conditions de sécurité chaotiques en Libye avaient conduit le gouvernement marocain à suspendre les vols à destination et en provenance de Tripoli, affectant les relations commerciales et humaines entre les deux nations. Toutefois, avec les récentes avancées vers une plus grande stabilité politique en Libye, le gouvernement libyen a pris l’initiative de redonner vie à ces connexions, soulignant l’importance de ce rétablissement pour le renforcement des relations économiques bilatérales.
Le ministre libyen des Transports, Mohamed Al-Shahoubi, a évoqué l’impact positif que cette reprise pourrait avoir sur les flux commerciaux entre les deux pays. Les liaisons aériennes offriront un accès plus rapide aux marchés libyens pour les entreprises marocaines et vice versa, renforçant ainsi les liens commerciaux dans des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, l’énergie et le tourisme. Cette reprise permettrait également de stimuler la mobilité des personnes, des affaires et des étudiants, consolidant les relations humaines et diplomatiques entre les deux pays.
Le Maroc, par son expertise en matière de sécurité aérienne et d’infrastructures modernes, est bien placé pour accompagner la Libye dans cette relance. Cette coopération bilatérale pourrait être renforcée par des initiatives communes, telles que des accords de facilitation des voyages d’affaires, des échanges culturels ou encore des projets d’investissements dans des infrastructures partagées.
En parallèle de la reprise des liaisons aériennes, la Libye prévoit d’ouvrir une nouvelle route maritime vers le Maroc en 2025. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à développer les échanges commerciaux entre les deux pays et à renforcer leur présence sur le marché méditerranéen. La Méditerranée est un axe essentiel pour les flux commerciaux entre l’Afrique du Nord, l’Europe et le Moyen-Orient. Dans ce contexte, le Maroc et la Libye, en reliant leurs ports respectifs, pourront mieux tirer parti de cette position géographique stratégique.
Les infrastructures portuaires marocaines, notamment le port de Tanger Med, un des plus grands d’Afrique et de la Méditerranée, sont des atouts considérables pour soutenir cette nouvelle dynamique commerciale. Le Maroc, avec ses capacités de transbordement et de stockage de marchandises, se positionne comme un pivot entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient. L’ouverture de cette route maritime offrira non seulement un accès plus direct aux marchés libyens, mais facilitera également l'exportation des produits libyens vers les marchés européens et africains.