Dans son dernier rapport sur les Perspectives de l’économie mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé ses prévisions de croissance pour l’Afrique subsaharienne en 2025. La croissance régionale est désormais attendue à 3,8%.
Cette révision intervient dans un climat international tendu marqué par l’éclatement d’une guerre tarifaire début avril, après que les Etats-Unis ont décidé d’augmenter drastiquement leurs droits de douane sur plusieurs partenaires commerciaux, provoquant des mesures de rétorsion, notamment de la part de la Chine. Selon le FMI, cette montée des tensions a perturbé les perspectives économiques mondiales à court terme.
La croissance mondiale est désormais estimée à 2,8% en 2025 contre 3,3% dans les prévisions de janvier.
«Peu après la mise à jour de janvier 2025 des perspectives économiques mondiales, les Etats-Unis ont annoncé plusieurs vagues de droits de douane sur leurs principaux partenaires commerciaux et sur des secteurs stratégiques, culminant le 2 avril avec une série de droits de douane quasi universels. Bien que de nombreuses hausses prévues soient pour l’instant suspendues, l’ensemble des mesures et contre-mesures a porté les taux de droits de douane américains et mondiaux à leur plus haut niveau depuis un siècle », a déclaré Pierre-Olivier Gourinchas, conseiller économique du FMI.
«Nous prévoyons qu’en raison de la forte augmentation des droits de douane et de l’incertitude observée le 2 avril, la croissance mondiale ralentira de manière significative à court terme. Il s’agit là de notre scénario central – ou prévision de référence – mais de nombreux scénarios alternatifs sont possibles, compte tenu de l’imprévisibilité des futures politiques commerciales et de l’impact différencié des droits de douane selon les pays et les canaux de transmission », a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, la prévision de croissance pour l’Afrique subsaharienne en 2025 marque un repli par rapport à celle de 2024, estimée à 4%. Plusieurs grandes économies de la région sont particulièrement concernées par cette révision.
Au Nigeria, la croissance prévue pour 2025 est désormais de 3,0%, en baisse de 0,2 point, et de 2,7% pour 2026. En Afrique du Sud, les perspectives sont encore plus affectées, avec une révision à la baisse de 0,5 point pour 2025 et de 0,3 point pour 2026. Ce ralentissement s’explique par une performance plus faible qu’attendu en 2024, une détérioration du climat économique liée à l’incertitude croissante, un regain de protectionnisme et un essoufflement des grandes économies mondiales. La croissance sud-africaine est désormais attendue à 1,0% en 2025 et 1,3% en 2026.
Pour 2026, le FMI anticipe un rebond de la croissance régionale à 4,2%, mais les risques restent élevés, notamment si les tensions commerciales continuent de s’intensifier.
«L’incertitude sur les politiques commerciales pèse aussi lourdement sur nos perspectives. Face à une incertitude accrue sur l’accès aux marchés – le leur, mais aussi celui de leurs fournisseurs et clients –, de nombreuses entreprises réagiront en suspendant leurs investissements et en réduisant leurs achats. De même, les institutions financières réévalueront leur offre de crédit aux entreprises, dans l’attente d’une meilleure visibilité sur leur exposition. Cette hausse de l’incertitude, couplée à un durcissement des conditions financières, constitue un choc de demande négatif mondial, qui pèsera sur l’activité. Ce phénomène pourrait dominer à court terme, comme en témoigne la forte baisse des prix du pétrole », estime Gourinchas.